Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a appelé la communauté internationale à l’action pour faire cesser la traite des êtres humains, «en vue de donner de l’espoir aux victimes vivant souvent autour de nous, alors que nous ignorons tout de leur sort», à l’occasion de la célébration mardi 30 juillet de la «Journée mondiale de la traite des êtres humains».

Pour arrêter les trafiquants des êtres humains, l’ONU a exhorté la communauté à couper leurs financements et saisir leurs avoirs. Elle a demandé également à tous les pays à ratifier et à appliquer intégralement la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et son Protocole additionnel relatif à la traite d’êtres humains.

Le secrétaire général a invité aussi la communauté internationale à s’interroger sur la question de l’esclavage moderne tant qu’il est vrai que cette question concerne au moins 2,5 millions de personnes réparties sur la planète. Il s’agit aussi bien d’hommes, de femmes que d’enfants qui tombent aux mains de trafiquants dans leur pays et à l’étranger.

L’esclavage dit «moderne», a-t-il dit, n’a rien à envier à ce que l’humanité a connu par le passé et il est non seulement honteux dans son principe que par les maltraitances qu’il engendre.

Étant une exploitation de l’homme par l’homme en contrepartie d’un intérêt matériel ou autre, la traite met en surface toutes les pratiques abjectes d’esclavage dont les ravages, en particulier, en Afrique et en Amérique, ont laissé des souvenirs atroces, voire des traces ignobles et cruelles sur l’état de la personne humaine, exploité à dessein et sans gêne comme une bête de somme, comme une proie, a ajouté le secrétaire général de l’ONU.

Pour lui, sous plusieurs formes, aussi cruelles les unes et les autres, la traite attise l’exploitation sexuelle (prostitution ou pornographie forcée), réduit la valeur du travail en une simple exécution sans honneur (travail ou service forcé) en avilissant son auteur sous les pires formes de travail (aucune condition de sécurité dans les mines, ni d’hygiène  élémentaire), et transformant l’homme en une bouchée de viande par le prélèvement de ses organes vitaux vendus à qui mieux.

Dans ce registre macabre et inhumain, a insisté Antonio Guetterez, l’auteur ou le trafiquant de traite recrute, emploie, embauche, transporte, héberge, sous menaces ou en recourant à la force, sous de fausses promesses, en abusant de la vulnérabilité de ses victimes ou sous quelque contrainte que ce soit, en mettant ceux qui tombent dans son filet sous la coupe de son exploitation, le but étant d’exploiter pour se faire de l’argent.

Les enfants et les femmes sont trop vulnérables soit par ignorance, soit par son état de faiblesse naturel, soit par déficit de choix existentiel (abandonné ou chassé, orphelin, sans emploi…). Pour rappel, en RDC, pour lutter efficacement contre ce crime, le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a créé le 22 avril 2019 par ordonnance présidentielle, l’Agence pour la prévention et la lutte contre la traite des personnes (APLTP), un service spécialisé attaché à son cabinet.

L’APLTP comprend en son sein, en plus de la coordination, une commission technique regroupant les représentants des ministères ayant des matières en rapport avec la traite ainsi que des partenaires particuliers et les organismes privés et internationaux.

Elle a tenu un atelier en date du 25 juillet dernier à l’hôtel Sultani, où la stratégie nationale et le plan d’action de lutte contre la traite à l’horizon 2020-2024 ont été examinés, amendés et adoptés. Ce plan d’action doit être mis en application pour sortir la RDC de sa mauvaise cotation et la remettre sur l’orbite des États fréquentables et avec qui coopérer.

Parmi les griefs mis à la charge de notre pays, l’on compte: l’absence de la loi sur la traite des personnes (TP), le déficit d’assistance des victimes, l’absence de garantie de protection pour les témoins, l’inexistence d’un fonds spécial d’assistance, l’absence d’un système standardisé des mécanismes de protection de victimes, de collecte des données et de leur échange avec les autres pays y concernés, l’acuité du trafic des migrants ou de l’immigration illicite. Avec le plan d’action stratégique déjà adopté, tous les efforts sont possibles à être convergés de partout pour résoudre tous ces problèmes.

L’Agence entend s’attaquer à la traite et l’annihiler en y associant une réflexion couplée sur la nécessité de réprimer aussi le trafic illicite des migrants, une infraction charnière qui donne le plus souvent à la traite sa dimension transnationale. Plus qu’une ambition, cette volonté traduit la passion de la RDC de combattre ce fléau, car personne n’est ni à vendre, ni à exploiter en RDC, indique-t-on.

ACP


(TN/TH/GW/Yes)