A ce propos, des observateurs ne séparent pas cette victoire du ticket FCC du contexte politique actuel du pays. Un environnement qui reste essentiellement marqué par l'attente (généralisée ?) du nouveau Gouvernement issu de la coalition FCC-CACH.

D'ores et déjà, des analystes soutiennent que ce triomphe du candidat FCC au perchoir de la chambre haute du Parlement, survenu dans l'environnement évoqué ci-dessus, fragilise davantage Modeste Bahati, présenté au même poste sous la bannière AFDC-A. Les partisans de cette thèse estiment que le contraire aurait été un coup dur pour la plateforme chère à Joseph Kabila. En d'autres termes, si Modeste Bahati avait gagné l'élection du samedi dernier, les termes du partage du pouvoir allaient automatiquement changer. "Lui qui n'avait de cesse de déclarer qu'il était la 3ème force politique du pays, se serait retrouvé requinqué", pense un observateur qui analyse froidement les enjeux politiques actuels en RD Congo.

Poursuivant sa lecture de la situation de l'heure, le même poursuit sa réflexion, en soutenant que la victoire d'ATM met l'AFDC-A fidèle à Bahati, en difficulté. Ce, dans la mesure où d'autres leaders de ce même regroupement politique n'ont pas suivi leur autorité morale. Bien au contraire. Certains majors battant pavillons AFDC-A sont restés au FCC, au nom de leur loyauté réitérée, voici quelques mois, à Joseph Kabila, en sa qualité d'autorité morale de cette importante, sinon la première plateforme politique en RD Congo.

L'élection d'ATM : un test grandeur nature

L'opinion se rappelle que plusieurs jours auparavant, l'élection des sept membres du Bureau définitif du Sénat a charrié des commentaires en sens divers. Sur les différents réseaux sociaux, des analyses généralement superficielles l'ont disputé à la vacuité d'un argumentaire sur base des conjectures. A la suite du départ très largement médiatisé de Modeste Bahati du FCC, nombreux ont été des observateurs qui ont prédit le remake du scénario de l'élection, en 2007, de Léon Kengo Wa Dondo, face à Léonard She Okitundu, conduisant à l'époque, le ticket MP à la même élection.

Pas un secret pour personne, la plupart des internautes congolais ont parié, cette fois-ci, à défaut de pronostiquer, sur la défaite du candidat FCC, affirmant que tous les mécontents de cette plateforme politique voteraient pour Modeste Bahati. Des pronostics somme toute acceptables, quand on sait qu'avant toute élection, tout comme avant une compétition sportive, les fanatiques sont libres de prédire le score. Mieux la fin de la compétition entre deux équipes.

Cependant, des observateurs de plus en plus nombreux, n'hésitent pas à considérer l'élection d'Alexis Thambwe Mwamba comme une sorte de référendum en interne, mieux un test grandeur-nature sur la force du FCC. Et donc, comme le ticket de cette plateforme a gagné, les mêmes analystes estiment que l'aile AFDC-A restée fidèle à Modeste Bahati se trouve être le grand perdant. Et, les mêmes observateurs d'enchainer que la victoire d'ATM valide ainsi le choix gagnant, non seulement du Raïs, mais aussi celui de l'ensemble du FCC. Car, argumentent-ils, " Alexis Thambwe Mwamba n'est pas ou n'a pas été que le choix de l'Autorité morale, d'autant plus que tous les sociétaires du FCC l'ont adoubé et même soutenu jusqu'à la victoire finale. "

Divisée; l'AFDC-A perd son poids initial

Signataire de la charte du FCC, l'AFDC-A aurait-elle eu à gagner en respectant sa signature avec tout ce qui va avec ? La question est sur toutes les lèvres des analystes qui y répondent en même temps. En vertu du Code du FCC, des sources indépendantes estiment le regroupement politique cher à Modeste Bahati n'avait pas d'autre alternative, si ce n'était de s'incliner devant le choix de son ancienne famille politique.

" Maintenant que les dés sont jetés, l'AFDC-A descend de son piédestal. Elle se trouve dans une situation assez délicate dans la mesure où divisée, elle perd son poids politique initial. Celui qui le plaçait au troisième rang des forces politiques en RD Congo. A la suite de l'élection du samedi dernier au sénat, le regroupement politique cher au sénateur élu du Sud-Kivu, ne saurait plus prétendre maintenir sa place", estime un analyste.

Compte tenu de tout ce précédent, la question que posent des observateurs est celle de savoir si l'AFDC-A et ses lieutenants restés fidèles à Bahati, vont renter au FCC ou carrément entrer au CACH. A ce sujet, nul ne saurait prédire l'avenir. Toutefois, des langues se délient, soutenant que dans tous les cas, la victoire d'ATM à la présidence du Sénat, contrarie Modeste Bahati. "C'est plutôt sa victoire qui aurait fait de lui, une véritable force politique. Ce qui le mettrait en situation très confortable d'être la force-tampon majorité et aller éventuellement au CACH. Aujourd'hui divisée et battue à l'élection du week-end, l'AFDC-A est fragilisée à la veille de la formation du nouveau Gouvernement ", concluent des analystes qui se sont exprimés le samedi dans les médias.

Grevisse Kabrel/Forum des As


(TN/Yes)