Les États-Unis ont abattu jeudi 18 juillet un drone iranien qui s'était approché d'un navire américain dans le détroit d'Ormuz, dernier incident en date dans une région sous haute tension depuis plus de deux mois.

Le président américain Donald Trump lui-même a annoncé que les États-Unis avaient abattu cet appareil iranien qui s'était approché dangereusement d'un navire américain, après avoir ignoré de multiples appels à s'éloigner.

Selon lui, le drone iranien s'est approché à moins de 1 000 mètres du navire amphibie USS Boxer, qui a entrepris « une action défensive ». « Le drone a été détruit immédiatement », a-t-il déclaré.

Téhéran dément

Les forces armées iraniennes ont assuré ce vendredi 19 juillet que tous leurs drones envoyés en mission la veille étaient « bien rentrés » à leur base, démentant les propos de Donald Trump.

« En dépit des allégations délirantes et sans fondement de Trump, tous les drones [envoyés] dans le golfe Persique et le détroit d'Ormuz, y compris celui auquel pense le président américain, sont biens rentrés à leur base », a déclaré le général de brigade et porte-parole des forces armées Abdolfazl Shékarchi, cité par l'agence Tasnim.

Un peu plutôt, le vice-ministre des Affaires étrangères avait affirmé que peut-être le navire américain avait abattu par erreur un de leurs propres drones.

Escalade des tensions

Un porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman, a précisé que l'incident était survenu alors que l'USS Boxer s'apprêtait à pénétrer dans le détroit d'Ormuz.

Le 20 juin dernier, l'Iran avait abattu un drone américain qui se trouvait, selon Téhéran, dans son espace aérien. Donald Trump avait alors affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes de représailles contre l'Iran pour éviter un lourd bilan humain, tout en maintenant ses menaces contre Téhéran.

La région du Golfe et du détroit d'Ormuz, par où transite le tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète, se retrouve au cœur de vives tensions géopolitiques, sur fond de bras de fer entre l'Iran et les États-Unis.

Alors que Washington cherche à former une coalition internationale pour escorter les navires de commerce dans le Golfe, le chef du commandement central américain Kenneth McKenzie s'est engagé jeudi 18 juillet à agir « énergiquement » pour assurer la sécurité du transport maritime dans le Golfe, lors d'une visite sur une base aérienne en Arabie saoudite, grande rivale de l'Iran dans la région.

Accusations croisées

Quelques heures avant ce nouvel incident, les Gardiens de la Révolution ont annoncé avoir arraisonné le 14 juillet dans le détroit d'Ormuz « un tanker étranger » et son équipage soupçonné de se livrer à de la « contrebande » de carburant.

Le guide suprême iranien Ali Khamenei avait annoncé deux jours auparavant que son pays répondrait « au moment et à l'endroit opportuns » à l'interception le 4 juillet d'un pétrolier iranien par les autorités britanniques, au large de Gibraltar.

Les États-Unis ont renforcé leur présence militaire dans la région, accusant l'Iran d'être derrière des actes de sabotage ayant visé quatre navires autour du détroit d'Ormuz en mai et deux attaques d'origine inconnue ayant visé en juin deux pétroliers - un japonais et un norvégien - au large des côtes iraniennes en mer d'Oman.

Vers de nouvelles négociations

Après être sorti de l'accord international sur le nucléaire conclu en 2015, Washington a rétabli des sanctions qui ont fait plonger l'Iran en récession et lui ont fait perdre les acheteurs de son pétrole.

Depuis mai, l'Iran a commencé à s'affranchir de certains de ses engagements pour, dit-il, forcer ses partenaires à prendre des mesures garantissant ses intérêts et permettant de préserver l'accord. Berlin et Paris ont appelé séparément Téhéran à respecter pleinement ses engagements.

Pourtant, selon le quotidien britannique The Guardian, le chef de la diplomatie iranienne Javad Zarif, qui se trouvait jeudi 18 juillet à New York pour des réunions à l'ONU, a proposé des inspections immédiates et plus complètes du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions par Washington.

Thomas Harms/RFI


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