Pr. Gabriel Sumaili Ngaye Lussa, chef de département des Lettres et civilisation française à l’Université de Kinshasa (UNIKIN) note que feu l’écrivain Paul-Olivier Musangi Ntemo a redoré l’image de l’écrivain congolais, homme découvert lors de la publication simultanée en 1968 de ses deux œuvres littéraires : « Les réminissances du soir » et « Ma terre perdue ».

Sumaili Ngaye qui l’a dit jeudi dans un document parvenu à l’ACP, a également rappelé que le Père Jean Allary, co-auteur avec le Pr. Vincent-Paul Bol du livre « Littérateurs et Poètes noirs » (Bibliothèque de l’Etoile, 1962), l’a tout de suite chargé encore étudiant en deuxième candidature en philologie romane, de rédiger un article « Vient de paraître » sous le titre de « Billet culturel », en guise de recension, notamment, de ces deux recueils de Paul-Olivier Musangi.

L’article en question, a paru dans la revue « Congo-Afrique » en y mettant l’accent sur les qualités littéraires du jeune auteur Musangi, tout en relevant les dons poétiques qui transparaissaient sous la plume d’un compatriote pétri de talents à l’issue de sa solide formation acquise aux humanités gréco-latines.

«Par la suite, j’ai eu l’occasion de côtoyer de près mon cher confrère Musangi Ntemo, devenu écrivain confirmé ; C’était à Kinshasa, à l’occasion de la relance des activités de la jeune Union des écrivains congolais (Zaïrois) de 1980 à 1982 où le regretté Alexis Mwamb’a Musas Mangol (décédé en 1984), présidait aux destinées de cette union avec Gabriel Sumaili, vice-président et Paul-Olivier Musangi en tant que chargé de l’animation littéraire », a aussi dit l’écrivain Gabriel Sumaili.

Pour lui, s’est-t-il encore souvenu, cette époque demeure l’Age d’or des lettres congolaises : du plus jeune au plus âgé, des bancs de l’école à la retraite, l’enthousiasme de la vocation littéraire a suscité des ferments d’un engouement sans pareil.

En effet, grâce à un programme original de confraternité, a-t-il estimé, le comité national de l’UECO a mis sur pied une politique promotionnelle d’envergure destinée non seulement à assurer aux hommes et jeunes des lettres une notoriété certaine et à leurs œuvres une vitalité pérenne, mais aussi à ancrer, dans la société, la place et le rôle de l’écrivain.

Durant cette période, rappelle-t-il, une fois par mois, Musangi réunissait des talents littéraires, jeunes et moins jeunes, autour d’un écrivain choisi, en vue d’échanger avec lui à domicile, de partager son expérience.

Rôle et place de l’animation littéraire

Le Pr. Gabriel Sumaili a saisi cette opportunité pour parler du rôle et de la place de l’animation qui a secoué le monde littéraire en RDC. Ce resserrement franc des liens confraternels, a-t-il évoqué, a eu pour résultat de dynamiser des « Salons littéraires » ; d’occasionner des « cafés littéraires », contribuant ainsi tant à l’inspiration qu’à la mise au point des textes à publier.

C’est l’époque, souligne-t-il, où des talents littéraires naissaient même parmi d’autres corporations, telles que des journalistes, des professeurs, des magistrats, des médecins, des prêtres, des officiels, etc… avant de citer pour mémoire des chercheurs étrangères telles que Riva Sylvia et Nadine Fettweis.

Musangi y a joué un rôle indéniable, en l’espace de 17 ans, l’UECO a ainsi, au travers des après-midis mémorables, remis en l’honneur les écrivains notamment Antoine-Roger Bolamba Lokolé, Mongita Likeke Albert, Nguvulu Lubundi, Norbert Mikanza Mobyem, Elebema Ekonzo, et Kompanywa Kompany.

«En un mot, a conclu l’écrivain Gabriel Sumaili, ces quelques souvenirs, parmi tant d’autres, nous les évoquons ici comme florilège, à la fois, et mémorial, en l’honneur du confrère héroïque et talentueux en la personne de Musangi Ntemo.

Né en 1946 à Mbanza-Ngungu (Panga), dans la province du Kongo Central, Paul-Olivier Musangi Ntemo est décédé le 2 juillet 2019 à Kinshasa des suites d’une maladie. Il a été enterré le 11 juillet 2019 au cimetière de Nécropole entre Terre et ciel, dans la commune de la N’sele.

Il fut historien de formation et cadre dans la Compagnie maritime du Congo (CMDC) et l’Office congolais du Tourisme. Deuxième prix en poésie du premier Concours littéraire  national Joseph-Désiré Mobutu en 1970. Le premier prix a été remporté par la poétesse congolaise Elisabeth Mweya T’Olande.

ACP


(BTT/PKF)