L'ONG internationale Greenpeace Afrique appelle les gouvernements de la République du Congo et de la République Démocratique du Congo à interdire toute activité industrielle dans les plus grandes tourbières tropicales du monde qu'abrite la forêt du bassin du Congo, indique un communiqué de presse de cette ONG internationale de défense de l'environnement parvenu samedi à l'ACP. Cet appel a été réitéré lors de l'expédition dans les tourbières au village Ikenge dans la province de l'Equateur au Nord-Ouest de la RDC, du 16 au 18 juin 2019, de l'équipe des scientifiques du « projet Congo Peat›› qui a été rejoint par les médias nationaux et internationaux pendant les travaux de recherche.

Les tourbières de la forêt du bassin du Congo, poursuit le communiqué, renferment une quantité de carbone estimée à 30,6 milliards de tonnes et recouvrent une superficie de 14 millions d'hectares, plus grande que celle de l'Angleterre, à cheval sur les deux Congo.

« Nous en savons très peu sur le fonctionnement des tourbières du bassin du Congo, et il est important que la communauté scientifique puisse remplir ce vide afin de comprendre de quelle manière cet énorme stock de carbone peut continuer à jouer son rôle dans l'atténuation du changement climatique », a déclaré le Dr. Greta Dargie de l'Université Leeds basé au Royaume Uni. Cette expédition avec les scientifiques a encore démontré l'importance des tourbières dans la lutte contre la crise climatique actuelle et pour les communautés riveraines, souligne Greenpeace Afrique qui invite les décideurs de deux Congo et leurs partenaires techniques et financiers à se mobiliser pour préserver ces écosystèmes en y prohibant toute activité à grande échelle.

Depuis 2018, Greenpeace Afrique n'a cessé de dénoncer les menaces sur ces écosystèmes, notamment les concessions forestières et les explorations pétrolières attribuées par la RDC, ainsi que les appels d'offre d'exploitation du pétrole lancé par le Congo-Brazzaville. De son côté, le professeur Corneille Ewango de l'Université de Kisangani explique que l'on devra également éviter des affectations abusives dans les environs immédiats des tourbières afin qu'elles puissent jouer leur rôle.

« Les tourbières sont également touchées lorsque les terres environnantes le sont. Toute activité industrielle ou agricole à grande échelle dans les tourbières ou les terres environnantes affecte la nappe aquifère qui maintient la vie de ces écosystèmes », a-t-il dit. Il est donc impérieux de préserver les tourbières car le rôle écologique qu'elles jouent est inestimable et va au-delà des revenus économiques qui peuvent être générés par tout type d’exploitation.

« Pour Patient Muamba, chargé de campagne forêt à Greenpeace Afrique, « l’intégration des communautés locales dans la protection des tourbières est un impératif pour une solution efficace ». Il a recommandé aux gouvernements et aux donateurs de prendre en compte l'impact de la destruction de cet immense stock de carbone, ayant été gardées intact durant des siècles, dans la survie des communautés qui en dépendent.

ACP


(TN/Milor/GW/Yes)