Ce pourrait être un rebondissement du dossier de viol collectif de la mineure de 13 ans à Kinshasa. Blessé dans son amour propre de parent, le ministre d'Etat Azarias Ruberwa, assumant l'intérim de son collègue de la Justice et garde des sceaux, n'entend pas du tout décolérer. Interrogé sur cette affaire, le vendredi 21 juin par la presse, cet ancien vice-président de la République (2003-2006), promet fermement une justice équitable.

« Je tiens à rassurer l'opinion que la justice sera rendue à la jeune fille victime de ce viol collectif. L'appel formulé par ses avocats sera examiné en bonne et due forme, conformément à la loi du Tribunal des enfants et à celle prévue sur les violences sexuelles faites à une mineure. La victime et l'opinion peuvent avoir des raisons d'espérer », a juré Azarias Ruberwa vendredi, devant une brochette de professionnels des médias locaux.

Prenant en compte la clameur publique sur les irrégularités qui auraient émaillé ce procès, le ministre d'Etat place le curseur sur une justice juste. « Je fais la promesse que conformément aux lois sus-évoquées, les manquements qui auront été constatés subiront le traitement conséquent », a encore garanti le très peu bavard ministre d'Etat congolais. Et d'ajouter : " Dans l'intérêt de la victime et pour une justice équitable, la composition du Tribunal pourrait être revue. Je fais la promesse ".

Avant la presse, Azarias Ruberwa a consacré des heures entières à un entretien avec quelques gestionnaires des juridictions du pays. Incontestablement, pour davantage murir les contours de cette affaire qui, sans cesse, heurte la sensibilité de plus d'un Congolais épris de bonne moralité. Dire que parmi ces responsables des juridictions du pays, le ministre d'Etat s'est, premièrement, entretenu avec M. Lumbu, Avocat général de la République. Ce dernier représentait M. Emile Ndjale, PGR et premier substitut du Procureur.

Par ailleurs, M. Mundyo, président du Tribunal pour enfants, le Premier président de la Cour d'Appel de Kinshasa Gombe ainsi que le Procureur près la Cour de Kinshasa-Gombe, ont été les principaux interlocuteurs reçus en second lieu par Azarias Ruberwa. La justice élève la nation.

Des Ong dans la rue

Rappelons que la réaction du ministre d'Etat et ses différents échanges avec les responsables des juridictions impliqués dans le dossier de viol collectif de la mineure de 13 ans, élève au complexe scolaire Révérend Kim à Kinshasa, ne sort pas du contexte de la marche, organisée le même vendredi 21 juin. Une centaine de membres des organisations de protection des droits de la femme, des enfants et des droits de l'homme étaient donc descendus dans les rues, pour protester contre le verdict du Tribunal pour enfants sur cette affaire qui continue à défrayer la chronique à Kinshasa.

Parmi les manifestants, des sociétaires de l'Union congolaise des femmes des médias (UCOFEM), des membres de « Justice pour Elles », de la Lutte pour le changement (LUCHA) et ceux du mouvement « Filimbi ». Face à ce qu'elles considèrent comme une justice injuste sur ce dossier, ces Ong promettent d'autres actions de rues dans les jours qui viennent. Ce, disent-elles, dans l'espoir d'obtenir, en appel, des condamnations plus fermes contre les mineurs auteurs du viol.

Tout bien considéré, le jugement rendu en début de semaine dernière par le Tribunal pour enfants est loin de calmer les esprits. Bien au contraire. Ce jugement énerve plus d'un membre des organisations de défense des droits de l'enfant et de la femme en RD Congo. L'opinion se rappelle que cette juridiction compétente en matière de crimes commis par les mineurs, avait prononcé deux condamnations. L'une pénale et l'autre civile. Ce, en plus de l'acquittement de cinq jeunes autres mineurs ayant participé au viol collectif de la fille.

Grevisse Kabrel/Forum des As


(TN/TH/GW/Yes)