Au rez-de-chaussée, l'environnement est sordide. C'est le décor qu'offre présentement le Home I de l'Université pédagogique nationale de Kinshasa Ngaliema(UPN). Désaffecté depuis bientôt cinq ans, ce foyer pour étudiants attend désespérément sa réhabilitation.

« Nous devons tout renouveler. Les portes, les fenêtres, la peinture, les lits sont à changer. Y compris les toilettes », déclare M. Mandefu Toussaint, assistant principal du Secrétaire général administratif de l'Upn, au cours d'un bref entretien avec Forum des As. Cependant, sur place, rien ne renseigne sur un début éventuel ou effectif des travaux de remise en état de ce grand dortoir de six étages.

Dans les milieux des administratifs, tout comme dans celui des étudiants de cet établissement d'Enseignement supérieur et universitaire, on parle des conséquences fâcheuses de la désaffectation de ce home. Sur le plan financier, exemple, l'Upn enregistre tant soi peu, un manque à gagner réel. Car, chaque étudiant logé avait l'obligation de payer un forfait de 20 dollars américain. Et, quand on sait que cet immeubleconçu au départ pour une capacité d'accueil d'environ 600 étudiants, franchit facilement le nombre de 1000 locataires, on peut imaginer ce que pourrait rapporter le logement des étudiants à la caisse de l'Upn.

La surpopulation dans les chambres est due au fait que chaque étudiant régulièrement logé, héberge moyennant un bail académique, d'autres étudiants communément appelés maquisards. C'est ainsi que l'on retrouve parfois cinq ou six étudiants partageant la même petite pièce. Peu importent donc les conditions dans lesquelles ils peuvent passer la nuit. Le plus important pour ces étudiants internes est de minimiser le coût du transport quotidien et d'être toujours à temps dans les salles de cours.

Par ailleurs, l'internement des étudiants présente un autre avantage, dans la mesure où le home constitue un abri certain. Particulièrement pour ceux des étudiants venus des provinces et qui n'ont pas de famille d'accueil sûre dans la capitale. Plutôt que d'affronter les multiples caprices des bailleurs à la cité, les étudiants se retrouvant dans cette situation trouvent leur salut dans le logement universitaire.

Pour le cas de l'Upn, par exemple, il y a lieu de rappeler que tous les étudiants internes avaient été délogés depuis 2015. Soit une année plutôt que la tenue des élections générales initialement prévues en décembre 2016 qui marquait la fin du second mandat constitutionnel de Joseph Kabila, alors Président de la République. L'opinion se rappelle qu'à l'époque, de plus en plus de rumeurs avaient circulé, accusant les Kabilistes, de tentative de révision de la constitution, aux fins de permettre au Raïs de briguer un troisième mandat consécutif à la tête du pays.

Face à la persistance de ces tumultes, d'aucuns redoutaient que des manifestations de rues aux conséquences parfois très lourdes, devraient partir des milieux universitaires. C'est cette peur qui avait motivé la décision des autorités académiques de l'Upn de fermer les deux homes. Quatre ans après, cette mesure reste encore d'application. La nature ayant peu du vide, les Homes I et II de l'Upn ressemblent ce jour, à de vieux musée du temps des Pharaons. Pour ne pas dire des constructions médiévales.

La situation de non internement des étudiants à l'Upn, à quelques similitudes près, est celle de l'Institut supérieur de Commerce de la Gombe (ISC/Gombe). Ici aussi, tous les internes avaient été déguerpis à la suite d'une bagarre rangée en juin 2010, entre les étudiants de l'ISC/Gombe et ceux de l'Institut supérieur des techniques appliquées (ISTA). Depuis, les deux immeubles servant de logement des étudiants, ont été fermés jusqu'à ce jour. En tout cas, des voix s'élèvent de plus en plus en faveur de la réouverture de ces dortoirs universitaires. Pourvu que les nouveaux dirigeants du pays l'entendent de cette oreille.

Emmanus Mvubu/Forum des As


(ROL/TH/Yes)