Si la mort ne l’avait pas arraché à l’affection de ses milliers des mélomanes disséminés à travers le monde, l’artiste musicien congolais Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, dit Papa Wemba fêterait, le vendredi 14 juin, 70 ans d’âge.

« La mort, une notion terrible à accepter… et pourtant elle fait partie de la vie », écrivait Jean de la Bruyère. Triste à dire, mais c’est une réalité. Celui que les mélomanes congolais appelaient affectueusement, « Vieux Bokoul », aurait totalisé le vendredi dernier 70 ans d’âge.

On s’imagine dès lors comment « le chef du village Molokaï » aurait souhaité célébrer son 70 ème anniversaire. En s’affichant avec des habits hauts de gamme, comme il aimait bien le faire ? En livrant un grand concert à cet effet ? Ou encore en organisant une messe qui probablement serait dite par son ami d’enfance Abbé Koko ? Personne ne saurait parier sur ce à quoi ressemblerait cette journée.

Un grand concert à Matonge ?

Des mélomanes interrogés à ce sujet hier au quartier Matonge, fief de l’illustre disparu, se disent au regret de ne pas voir Papa Wemba célébrer ses 70 ans d’âge. « J’aurais tout donné pour voir ce rossignol de la chanson congolaise célébrer son 70 ème anniversaire. Ça aurait été une grande fête de la musique. Mieux tout un festival où plusieurs autres artistes allaient prester », imagine Bibi, la quarantaine révolue.

« Si Papa Wemba était vivant, il aurait souhaité fêter son 70 ème anniversaire ici chez lui à Matonge. Il allait donner un grand concert au couloir Madiakoko, question de communier avec ce public qui l’a toujours soutenu depuis le début de sa carrière musicale », a indiqué un ami d’enfance de cet artiste décédé.

L’artiste ne meurt pas, dit-on. Certains fanatiques de « Viva la musica », orchestre symphonique cher à feu Papa Wemba abordés espèrent voir les medias et les débits de boisson de Kinshasa jouer de la musique de cette icône de la rumba cette journée à titrede célébration de cet anniversaire.

Rappelons que Papa Wembaa également été co-fondateur de l’orchestre Zaïko Langa Langa en 1969 avec Jossart N'yoka Longo, Evoloko, Pépé Felly et Andy BimiOmbalé. Une formation musicale qu’il quittera en 1974 pour fonder Isifi Lokolé, puis Yoka lokole avec entre autres Mavuela et MbutaMashakado.

Une légende de la musique congolaise

Papa Wemba a par ailleurs été considéré comme le deuxième artiste musicien congolais (le premier étant TabuLey Rochereau) à signer avec un éditeur musical international, Real World de Peter Gabriel avec qui il publiera trois albums dont, Le Voyageur (1992), Emotion (1995), Molokaï (1998).

En 1980, il sort son premier succès panafricain Analengo. En 1986, il s’installe en France et débute sa carrière dans le cinéma avec le film « La vie est belle ». En 1989, il se fait connaître aux États-Unis grâce à la revue AfricaOyé. En 1999, deux de ses titres, Maria Valencia et le Voyageur, sont choisis par le réalisateur italien Bernardo Bertolucci pour son film Paradiso e inferno.

Décédé le 24 avril 2016 à Abidjan à la suite d'un malaise survenu sur scène au cours d’un festival, Papa Wemba a totalisé cette année trois ans dans l’au-delà. Avec près de cinquante ans de carrière à son actif, Papa Wemba est considéré comme une des légendes de la musique congolaise et africaine.

S'il n'est pas le créateur de la rumba congolaise, il en est un pilier et un des artistes qui ont propulsé ce genre musical à l'échelle internationale.

Orly-Darel Ngiambukulu/Forum des As


(BTT/PKF)