Le Cosap a tenu, le 12 juin à Kinshasa, un point de presse au cours duquel il a réitéré ses inquiétudes à propos de la distribution, en République démocratique du Congo (RDC), des moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue duré de marque Dawa-Tana, non conformes aux normes.

Il a indiqué que malgré son alerte lancée  depuis mars dernier, dénonçant la distribution de ces moustiquaires non conformes aux normes qui ne protégeraient pas efficacement contre le paludisme, les promesses faites par le ministre de la Santé de les mettre en quarantaine jusqu’à la publication des résultats des tests qui devraient être effectués  tardent à se réaliser.

« Le ministre avait donné un délai de deux semaines, suivant la date du 18 mars 2019, pour les résultats du test à faire par les institutions de recherche du pays, et qu’en attendant, ces moustiquaires devraient être misses en quarantaine et leur distribution suspendue. Mais, jusqu’à présent, rien n’est fait », a souligné le directeur exécutif du Cosap, le Dr Félix Musikya.

Privilégier la qualité

Le Cosap a rappelé que ses actions de plaidoyer enclenchées depuis mars ont relayé  l’alerte sur ces moustiquaires, distribuées en 2017 et 2018 par les principaux bailleurs des fonds dans la lutte contre le paludisme, dont les investigations et conclusions renseignent que ces moustiquaires ne répondaient pas aux normes.

Conscient du manque de progrès significatif en matière de réduction des cas de paludisme ces quatre dernières années, de la résistance des moustiques aux insecticides utilisés sur les moustiquaires actuellement distribuées en RDC, du manque de partage des informations stratégiques, de la redevabilité et responsabilités des partenaires engagés dans cette lutte, le Cosap dit craindre que d’autres scandales surviennent, en plus de celui de ces moustiquaires.

C’est dans ce sens que cette plate-forme d’ONG appelle les partenaires à être plus rigoureux dans la passation des marchés des outils de lutte contre le paludisme. « Dawa-Tana fabrique ces moustiquaires à problèmes. On le dénonce mais, cela continue. Maintenant, nous exigeons des partenaires de commander et de valider des moustiquaires de qualité, avec des insecticides de qualité.

Quand les moustiquaires ne sont plus de qualité, les moustiques ne seront plus insensibles », a souligné le Dr Félix Musikya. L’efficacité dans la lutte contre le paludisme, a-t-il signifié, ne dépend pas seulement du taux de couverture, de l’utilisation effective des moustiquaires par les ménages mais surtout de la qualité de ces dernières.

Le Cosap a soutenu, en effet, que quand dix ménages reçoivent et utilisent des moustiquaires efficaces, l’effet répulsif induit de l’insecticide utilisé permet de protéger au moins vingt autres ménages environnants. « Cette évidence prouve la primauté de l’efficacité/qualité de la Milda ou des paramètres intrinsèques du produit sur les autres considérations telles que le prix, le taux de couverture, la couleur, etc. », a expliqué cette plate-forme.

Dans cette optique, le Cosap conseille donc de s’appuyer sur les évidences disponibles afin de valider les offres des fournisseurs, de doter le laboratoire national des moyens conséquents afin de faire le contrôle qui s’impose à l’entrée des cargaisons des moustiquaires au pays mais aussi, d'effectuer les contrôles de routine sur le produit distribué.

Ce collectif attend également qu’il soit assuré que les produits de lutte contre le paludisme sont homologués par l’Organisation mondiale de la santé et enregistrés à la DPM en suivant les normes internationales et nationales en la matière, et de rendre transparente la procédure de sélection et de passation des marchés des moustiquaires imprégnées d'insecticides à longue durée d'action (Milda) aux fournisseurs en y impliquant le gouvernement et la société civile.

Lucien Dianzenza/Le Courrier de Kinshasa


(ROL/PKF)