Bonjour Docteur Jean Lumbala. Pouvez-vous nous dire quels sont les problèmes de santé sexuelle les plus récurrents chez les femmes ?

Dans ma spécialité, en sexologie, j’ai constaté que les femmes viennent pour une fausse raison. Une femme peut dire qu’elle est frigide alors que tout se passe au niveau de son mental. En étudiant plus en profondeur son cas, on se rend compte qu’elle n’est pas frigide mais qu’elle  a plutôt un problème avec son partenaire. Il faut d’abord l’aider à comprendre que l’origine de la maladie est ailleurs ensuite seulement nous pouvons administrer des remèdes.

Docteur Jean Lumbala, vous avez également travaillé en Belgique, mais pendant ces années de travail en RDC, quel est votre constat à propos de la santé sexuelle des femmes?

Durant les sept années et demi  où j’ai travaillé en tant que sexologue en RDC, j’ai constaté que la femme est victime du poids de la culture. La femme n’est pas au centre de sa vie. Elle fonde sa vision de la vie sur base d’une ligne que la société a tracée pour elle. Et lorsqu’elle vient en consultation, elle se retrouve dans une confusion entre la vie qu’on a choisi pour elle et celle qu’elle veut vivre.

En tant que sexologue, pouvez-vous établir la nette différence entre le travail d’un gynécologue et celui d’un sexologue sur le corps de la femme ?

Le gynécologue s’occupe en particulier du fonctionnement du corps de la femme. Le sexologue étudie comment la femme utilise son corps comme un objet de plaisir et de satisfaction pour elle-même d’abord, pour sa vie de couple, pour sa famille et pour sa communauté.

Docteur, s’agissant des soins intimes, comment une femme doit-elle faire ses bains intimes ? 

On entend parler des produits, des savons intimes et autre, c’est compliqué de les utiliser. Pour une meilleure hygiène intime, l’idéal est  de faire usage de l’eau claire. Il est vrai que l’on peut douter de la qualité de l’eau qui sort de nos robinets, mais il est possible de se procurer une bouteille d’eau minérale à 500 francs ou 800 francs congolais. Après avoir pris son bain, la femme va nettoyer son sexe avec cette eau claire et propre. Elle rentre son doigt dans son vagin, le nettoie mais, elle ne doit pas exagérer au risque de détruire la flore vaginale.

Parlez-nous de cette flore vaginale  qui ne doit pas être détruire ?

Dans un vagin propre, il y a l’équivalent d’une cuillère à café des microbes. La femme est constituée comme cela et a besoin de ces microbes pour être protégé contre les infections.  

Docteur Jean Lumbala, le monde célèbre ce 28 mai, la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Qu’appelle-t-on hygiène menstruelle ?

Dr Lumbala : il est surtout question de savoir comment une femme doit gérer  son hygiène intime pendant ses règles. Prendre son bain comme il le faut pendant les règles, utiliser des serviettes ou des tampons hygiéniques. En Europe, il ya un moyen non agressif qui vient d'être mise en place, c’est une capsule en plastique que la femme introduit pour contenir le flux de sang. Les tampons et serviettes sont des produits qui ont été faits chimiquement, en fonction de la sensibilité de certaines femmes celà  peut créer des démangeaisons et des infections. C’est à chaque femme d’essayer le produit qui lui convient le mieux .

Y a-t-il des aliments à proscrire pendant les règles ?

Les menstrues ne sont pas une maladie. C’est juste une période de nettoyage du corps de la femme et un autre cycle d’hormone qui va se mettre en place. Toutes ces mesures qui circulent sur les réseaux sociaux n’ont pas de soubassements scientifiques. Dire qu’il ne faut pas boire de l’eau froide, ne pas se promener sous le soleil, cela fait partie des croyances et des mythes. Même lorsqu’on dit qu’une femme est impure pendant ses règles, il faut toujours contextualiser les faits parce que les traditions sont très différentes au sujet de la gestion de l’intimité.

Est-ce qu’une mauvaise hygiène menstruelle peut avoir des conséquences sur la santé reproductive de la femme ?

Oui, parce qu’une mauvaise hygiène occasionne la multiplication des microbes et crée des infections. Quand la femme a des infections vaginales, des infections sexuellement transmissibles ou une infection qui peut atteindre les ovaires ou boucher les trompes, cela peut être une des causes d’infertilité.

Docteur Lumbala, comment se calcule le cycle menstruel ?

C’est très compliqué et très aléatoires. Il y a maintenant des applications qui les calculent mais ça reste aléatoire. C’est le gynécologue seul qui est en mesure de dire à la femme comment est son cycle menstruel en connaissance de son corps.  En gros, c’est Jour 0 (Jour du début des règles) - en théorie Ovulation(Jr 14) - à partir du 21 ème jour, c’est l’ovocyte qui se détruit, le corps jaune (cette période où il y a moins de risques de tomber enceinte). Je précise que seul le gynécologue est en mesure de dire à la femme, tout ce qui lui est donné en dehors du gynécologue est aléatoire parce que les corps des femmes sont très différents.

Pour terminer Docteur Jean Lumbala, que faudrait-il faire pour qu’une femme jouisse d’une santé sexuelle épanouie ? 

Il faut une santé mentale épanouie. A partir du moment où la femme se sent bien dans sa peau elle peut jouir d’une santé sexuelle épanouie.

Actualité.cd


(CI/Yes)