En République démocratique du Congo (RDC), être embauché dans les services de l 'Etat et les entreprises, tant publiques que privées, relève du parcours du combattant. En effet; quels que soient le niveau d'études et les compétences du candidat, le travail s'éloigne de celui-ci. Situation qui le maintien dans la quête d'un emploi hypothétique pendant de longues années.

A moins d’un miracle. Ce qui n'arrive pas tous les jours. Révolte, il se décide de se lancer dans l’auto-emploi. Sans réels moyens financiers et logistiques. Seul la venir de décider de l’issue heureuse ou malheureuse de cette « aventure » entrepreneuriale.

Bien que détenteurs des documents certifiant leurs niveaux d'études et de compétences, les jeunes congolais, précisément ceux de Kinshasa, préfèrent créer leurs propres entreprises au lieu de chercher, sans succès, le travail dans des bureaux ou autres sociétés. Ce qui fait que les détenteurs de diplômes de graduat ou de licence sont devenus des chômeurs gradués ou licenciés.

Malgré les études faites et les diplômes accumulés, trouver un emploi en République démocratique du Congo relève parfois d'un miracle. La plupart de jeunes sont au chômage. Attendre l’emploi de l’Etat congolais, pour beaucoup de jeunes désespérés, c’est perdre son temps car il n’y a pas d’emploi à donner à tout le monde. Alors, à la place, ils préfèrent innover.

Les jeunes congolais sont conscients de difficultés auxquelles ils sont confrontés pour entreprendre, surtout qu'ils n'ont aucun -fonds de démarrage. Mais cela ne les empêche pas de s’y jeter quand même, renonçant à compter sur les diplômes dont ils sont bardés.

Étudier pour ne pas trouver du travail

Licencié de l'université de Kinshasa, Eva Mutatayi, en quête de boulot depuis plusieurs années, a été obligé d'ouvrir une petite cabine téléphonique afin de vendre des cartes prépayées de différents réseaux de téléphonie cellulaire fonctionnant en RDC.

Cela pour ne pas continuer à être un poids inutile dans sa famille en essayant de se prendre en charge afin de ne plus se retrouver chaque fois ridicule même auprès des amis lorsqu'il s'agit de se cotiser pour un problème donné. « J’ai obtenu mon diplôme de licence depuis 2013. Mais jusque-là, mes papiers sont à la maison et ne servent à rien. Je me suis alors décidé de créer ma propre micro-entreprise.

Bien que cela me dépanne parfois, je ne suis, malheureusement, jamais satisfait du travail de la vente des cartes prépayées. Surtout quand je pense à tout l’argent qu’on a pu dépenser pour le paiement des frais de mes études et tous les autres sacrifices consentis. Et me retrouver avec ce travail, c’est vraiment déplorable », s'est-il indigné.

Ce phénomène est vraiment devenu fréquent surtout à Kinshasa. Où certains jeunes étudient dans le désespoir de ne jamais trouver un job, une fois leurs études terminées. C’est ainsi que, même pendant qu'ils sont encore aux études, ils combinent avec le « business », la débrouille.

Mieux vaut prévenir que guérir

Un autre, jeune étudiant de troisième graduat à l'Université pédagogique nationale (UPN), sous l’anonymat, est obligé de combiner ses études et son business. Il justifie cela par le fait qu'il voit dans son entourage plusieurs de ses aînés compétents mais sans emploi.

Aussi étudie-t-il avec cette peur de finir comme eux. C'est pourquoi, lui aussi préfère déjà commencer à se prendre en charge, ne sachant pas ce que l'avenir lui réserve. A noter que, plusieurs jeunes ont de bonnes idées et se lancent dans l’entreprenariat. Mais ils finissent souvent par échouer par manque de bonne gestion, de confiance en soi, de persévérance, de prise de risques, d'innovations, etc. Ceux qui se disciplinent vraiment, réussissent forcément.

« Pour réussir j’ai d’abord commencé par échouer plusieurs fois jusqu’à ce que je comprenne que tout travail demande détermination, considération et volonté. Je n’avais pas assez de moyens. J’ai débuté mon activité avec un capital initial de 5 dollars américains. Aujourd’hui il est de plus de 1. 500 dollars américains. Quand on est déterminé, on peut arriver à tout », confie M. Chadrac Kadima, un ancien diplômé d’une université de la place.

Justin Myombo/Le Potentiel


(ROL/TH/Yes)