Donald Trump avait prévenu en début d’après-midi qu’il allait faire une annonce majeure liée à la situation à la frontière. Elle est tombée en début de soirée sur son compte Twitter d’après notre correspondante à Washington, Anne Corpet. Le président menace d’utiliser son arme favorite, les taxes, pour obtenir des résultats sur son thème de prédilection : l’immigration. Dans l’incapacité d’obtenir du Congrès qu’il légifère pour durcir la politique migratoire, et confrontée à un afflux record de migrants, Donald Trump s’en prend à son voisin mexicain, mais il risque d’affecter les entreprises et les consommateurs américains.

Décision risquée pour le traité de libre-échange

Le Mexique a exporté pour plus de 346 milliards de dollars aux États-Unis l’année dernière. Ce sont des biens manufacturés, mais surtout des produits agricoles, et les taxes seront répercutées sur les étals des supermarchés américains. La décision de Donald Trump risque enfin de compliquer la ratification du traité de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, que la Maison Blanche a paradoxalement envoyé ce jeudi devant le Congrès. L’accord vise justement à réduire le type de taxes que le président veut maintenant imposer.

Donald Trump avait, plus tôt dans l'année, menacé de fermer la frontière mexicaine ou d'imposer des droits de douane sur les voitures importées en provenance du Mexique si les autorités mexicaines n'étaient pas plus actives pour stopper les caravanes de migrants venus d'Amérique centrale.

Une taxe « désastreuse » pour Mexico

Après l’annonce par Donald Trump de taxes douanières de 5% sur tous les produits mexicains entrant aux États-Unis, le gouvernement du président Lopez Obrador et le chef de l’État en personne n’ont pas tardé à réagir aux menaces américaines. Le tweet de Donald Trump a eu l’effet d’une douche froide sur les Mexicains d’après notre correspondant à Mexico, Patrick-John Buffe. Le premier à réagir a été le vice-ministre des Affaires étrangères chargé de l’Amérique du Nord, Jésus Seade. Selon lui, cette taxe de 5% serait « désastreuse ».

Dans la foulée, le président Lopez Obrador a envoyé une lettre à son homologue américain pour lui expliquer que les problèmes sociaux, et notamment de migration, ne se résolvent pas avec des impôts ou des mesures coercitives. Il lui a aussi exprimé sa volonté d’éviter toute « confrontation », insistant sur le fait qu’il ne croit pas à la loi du talion. Ce qu’il a proposé à Donald Trump, c’est d’approfondir le dialogue et que chacun agisse avec prudence et responsabilité.

Pour les Mexicains, l’annonce de cette mesure est d’autant plus inexplicable qu’il y a deux semaines, ils avaient célébré la levée des taxes douanières sur l’acier et l’aluminium que Donald Trump leur avait imposées. Ces nouvelles taxes ont d'ailleurs de quoi inquiéter les Mexicains, car elles pourraient avoir de graves conséquence sur l’économie de leur pays qui dépend presque exclusivement de son voisin du nord : 80% de ses exportations vont aux États-Unis, dont le Mexique est actuellement le principal partenaire commercial, devant la Chine et le Canada.

RFI


(Yes)