Notamment pour le rôle qu'il joue dans la riposte à Ebola. Aussi les agents de santé menacent-ils d'observer une «grève sèche» si les menaces se poursuivent. Les médecins, pour leur part; sont obligés de quitter leurs habitations, craignant pour leur vie.

Le ministère de la Santé publique a rapporté vendredi 24 mai dernier que plusieurs médecins et infirmiers engagés dans la riposte contre Ebola dans les territoires de Beni et Lubero ont dû déménager ou quitter temporairement leurs habitations à cause notamment des menaces de mort dont ils sont victimes.

Cette situation a comme conséquence la fermeture de certaines structures sanitaires. Le ministère de la santé publique donne comme exemple notamment dans la zone de santé de Kyondo où les activités sont suspendues au centre de santé de référence de Kyakumba depuis le mardi 21 mai 2019, depuis que le médecin traitant et l'infirmier titulaire ont quitté la zone craignant pour leur sécurité.

« Les infirmiers de la zone de santé de Musienene ont dénoncé les menaces de mort et de destruction des structures sanitaires qu’ils reçoivent ces derniers jours en raison de leur rôle dans la riposte contre Ebola. Les infirmiers de Musienene ont tenu une réunion extraordinaire le jeudi 23 mai 2019 pour évaluer leurs conditions de travail. Ils ont demandé aux autorités politico-administratives de s’impliquer pour mettre fin à ce phénomène de violence contre les agents de santé car si les menaces ne cessent pas, ils envisagent d'observer une grève sèche », ajoute le ministère dans une note d'information.

132 attaques contre les formations sanitaires en 9 mois

Par ailleurs, entre le 1er août 2018 et le 20 mai 2019, cent trente-deux attaques contre des formations sanitaires ont été enregistrées dans le cadre de l'épidémie d'Ebola, causant quatre morts et trente-huit blessés parmi les agents de santé, engagés dans la riposte contre l'épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola, et les patients dans deux provinces de l'Est de la RDC, à savoir le Nord-Kivu et l'Ituri. C'est ce qu'a indiqué le soir de jeudi 23 mai dernier l'autorité sanitaire congolaise.

« Entre le 1er août 2018 et le 20 mai 2012 cent trente-deux attaques contre des formations sanitaires ont été enregistrées dans le cadre de l'épidémie d'Ebola, causant quatre morts et trente-huit blessés parmi les agents de santé et les patients ››, souligne le ministère de la Santé publique dans un communique.

Lequel souligne que « cette violence contre les agents de santé doit être condamnée sans réserve et qu’il faut faire une distinction claire entre engagement communautaire et violence ciblée par des milices armées ». Faire un lien entre les deux, fait remarquer la source, équivaut à « stigmatiser l'entièreté des communautés affectées, les présentant comme des communautés profondément violentes, et blâmer les agents de santé qui sont les premières victimes de cette violence ciblée ».

En date du 22 mai, rappelle actualité.cd, l'épidémie, partie de la province du Nord-Kivu avant de toucher l'Ituri, avait déjà fait 1 246 morts dont 1 160 parmi les 1 789 cas confirmés, selon un décompte officiel. Un tiers de malades sont des enfants, d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dont le directeur général, Dr Tedros Adhanom, considère l'actuelle épidémie d'Ebola comme l' «ennemi public numéro un ».

Sur son site, cette agence de l'Onu maintient que le risque de propagation dans d'autres provinces de l'Est du pays ainsi que dans les pays voisins reste « très élevé ». Le plus grand défi pour cette épidémie est complexe, les communautés locales étant dans un déni de maladie. Elles sont méfiantes vis-à-vis des agents déployés par Kinshasa et l'OMS pour riposter contre l'épidémie, qu'elles considèrent comme étant une invention occidentale pour exterminer les populations de la région.

Cette méfiance attise les milices locales qui s'attaquent désormais aux structures sanitaires. Et cette violence a déjà poussé plusieurs médecins et infirmiers des territoires de Beni et Lubero (Nord-Kivu) à déménager ou quitter temporairement leurs habitations, forçant ainsi certaines structures sanitaires à fermer leurs portes. « C’est notamment le cas dans la zone de santé de Kyondo ou les activités sont suspendues au centre de santé de référence de Kyakumba depuis le mardi 21 mai 2019 depuis que le médecin traitant et l'infirmier titulaire ont quitté la zone craignant pour leur sécurité », explique le ministère de la Santé publique.

Pour rappel, l'actuelle épidémie d'Ebola est la plus meurtrière enregistrée sur le territoire congolais depuis la découverte du virus Ebola en 1976, en République démocratique du Congo. Le pays en est à sa dixième épidémie.

O Dioso/Actualité.cd/Le Potentiel


(TN/Rei/GW/Yes)