Pour combattre un des taux de mortalité maternelle le plus élevée au monde, la République démocratique du Congo est résolument entrée dans l’ère des soins complets d’avortement médicalisé. En témoigne cet atelier de formation de 28 prestataires cliniques en soins complets d’avortement centrés sur la femme, ouvert ce lundi 27 mai 2019 à Kinshasa. Cela, grâce au partenariat entre l’organisation internationale Ipas et le ministère de la Santé publique, à travers le Programme national de la santé de la reproduction (PNSR) et le Programme militaire de la santé de la reproduction.

Jusqu’au 1 juin, soit six jours de travaux, les participants venus des zones de santé de Kinsenso, de Kimbanseke et du camp militaire Kokolo vont être outillés de manière à développer leurs compétences à dispenser ces soins en conformité avec le cadre légal et réglementaire en RD Congo pour la santé de la reproduction.

L’article 14, alinéa 2, point C du Protocole de Maputo, appelle les Etats membres dont la RDC, à prendre « toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ». En RDC, L’application du Protocole de Mapto ne souffre d’aucune faille depuis sa publication dans le Journal Officiel, en avril 2018.

A la fin de cet atelier, ces prestataires cliniques seront notamment capables de décrire l’ampleur et les conséquences de l’avortement non sécurisé sur la morbi mortalité maternelle, clarifier les valeurs et perception sur l’avortement, décrire les méthodes d’évacuation utérine et quelques principes d’indication pour contraception. Aussi, seront-ils en mesure de décrire les principaux concepts associés à l’évacuation utérine à l’aide de l’aspirateur Ipas AMIU Plus et des canules Ipas EasyGrip.

Ces prestataires seront par la suite soumis à un stage clinique sur cliente dans l’une des cliniques de la place.

« Très impliqué dans la lutte contre la mortalité maternelle en RDC, Ipas a toujours pensé que parmi les stratégies à utiliser, il y a la lutte contre les avortements clandestins. Le fait de médicaliser la procédure permet à celle qui a besoin du service d’avortement de se détourner des charlatans et d’autres pratiques clandestins et s’ouvrir aux conditions sécurisées dans un hôpital et avec un instrument adéquat qui la met à l’abri de toute sorte de complications », a déclaré Mike Mpoyi, conseiller en système de santé chez Ipas, peu après l’ouverture de l’atelier.

A en croire ce dernier, Ipas appuie une vingtaine de structures de santé à Kinshasa dans la planification familiale et d’autres activités qui concernent les soins complets d’avortement. A Lubumbashi, cette organisation internationale répond à cette même préoccupation de la communauté dans une soixantaine de structures de santé.

C’est la première formation du genre organisée à Kinshasa. « D’autres suivront », rassure Mike Mpoyi. Les prestataires cliniques de Lubumbashi ont été les premiers à bénéficier de cette formation.

Selon l’étude EDS 2013-2014, 10% des grossesses non désirées se terminent par un avortement à risque en RDC, un pays où la mortalité maternelle est estimée à 846 sur 100.000 naissances vivantes.

Socrate Nsimba/MMC


(SNK/Yes)