Pour sa première tournée à l’intérieur du pays, et après avoir arpenté les capitales africaines et occidentales en quête de soutien, Félix Tshisekedi a choisi de se rendre dans l’Est. Le 24 janvier, lorqu’il a revêtu l’écharpe présidentielle, le président avait promis « la pacification de tout le territoire national en accélérant la lutte en vue de l’éradication des groupes armés ».

Trois mois plus tard, après Goma, lundi 15 avril, le président congolais était à Béni, ce mardi. À chaque fois, devant les élus nationaux et provinciaux du Nord-Kivu à Goma, ou devant la foule venue l’accueillir à Béni, il a répété sa stratégie pour ramener la paix dans ces régions meurtries. Celle-ci peut se résumer en trois axes : s’assurer de la coopération des pays voisins, réorganiser l’armée et lutter contre l’impunité.

Rencontres avec Kagame et Museveni

À Béni – où les électeurs l’ont majoritairement boudé lors des législatives partielles – il a pris la parole sur le parvis de l’hôtel de ville, devant une foule nombreuse,  pour revenir, d’abord, sur ses rencontres avec les présidents ougandais et rwandais.

Il a expliqué avoir rencontré Paul Kagame et Yoweri Museveni pour leur dire que « le Congo veut la paix » et que « le moment est venu pour que nous donnions à nos peuples ce dont ils ont besoin : la paix et le bonheur ». Un message selon lui entendu : les discussions « ont été positives et constructives, Paul Kagame et Yoweri Museveni sont disposés à rétablir la paix en RDC », a-t-il assuré.

Réorganisation de l’armée

Autre axe de la stratégie affichée par Félix Tshisekedi : résoudre « le problème de l’armée ». Le président congolais a pointé la nécessité « d’assurer la relève » des militaires déployés dans l’Est, et promis – sans donner d’échéance – la permutation des officiers. « On ne va pas oublier le sacrifice des unités précédentes », a-t-il cependant insisté, promettant par ailleurs de « mieux équiper l’armée ».

L’objectif affiché de ces mesures, décidées à l’issue du dernier conseil supérieur de la défense qui s’est tenu à Lubumbashi le 13 avril en présence de Félix Tshisekedi, est de « mettre définitivement en déroute la rébellion ADF et tous les autres groupes armés ».

En 2016, le groupe d’étude sur le Congo avait noté avec inquiétude la passivité de certains détachements militaires congolais face aux violences. Le rapport pointait même la participation directe de soldats congolais à des massacres dans au moins trois zones, en 2014 et 2015, sans cependant établir avec exactitude le degré de responsabilité de leur hiérarchie.

Félix Tshisekedi a également mis en garde « des politiciens qui manipulent les groupes armés » et prévenu qu’« il n’y aura pas d’immunité pour toutes les personnes qui auront des liens avec ces groupes ».

« Des permutations sans évaluation préalable ne vont servir à rien », prévient cependant Claudel Lubaya, ex-gouverneur du Kasaï-Occidental et député de Kananga, qui réclame la convocation d’états généraux des services des renseignements, « pour un examen général de l’appareil sécuritaire congolais ».

Jeune Afrique/Le Potentiel


(TN/Rei/Yes)