Selon le bilan provisoire communiqué mercredi par la société civile, "la pirogue avait à son bord plus de 150 personnes. Sur place où nous sommes à Kashunyu, on a retrouvé 33 rescapés et 3 corps sans vie. Nous demandons aux services de sécurité, dont la police lacustre, la Direction générale des migrations (DGM), la Force navale… de bien surveiller les mouvements surle lac pour éviter les surcharges de boat. Ce qui est à la base de ce drame, c'est d'abord le mauvais chargement. Ensuite, il y a eu des vents violents ", explique Delphin Birimbi de la société civile Mbinga.

Le Gouverneur intérimaire du Sud-Kivu, Dolly Bizimungu, a annoncé que le président de la République Félix Tshisekedi se rend, ce jeudi 18 avril, à Kashunyu où la barque a chaviré. " Nous sommes venus de Bukavu. Il y a parmi nous des députés provinciaux et des membres du gouvernement provincial. Nous sommes venus partager votre souffrance et vous dire que, demain (jeudi, Ndlr),le Président Félix Tshisekedi sera ici entre 10 et 11 heures. Nous sommes ici pour vous dire d'être prêts. Le chef de l'Etat viendra demain pour vous consoler par rapport à ce qui s'est passé ici chez nous à Kalehe", a dit à la population de Kashunyu Dolly Bizumungu, cité par 7 sur 7. CD.

Mis au courant de cette tragédie, le chef de l'État Félix Tshisekedi promet de châtier les auteurs lorsqu'ils seront identifiés. " Je suis très attristé par le naufrage d'une pirogue ce 15 avril dans le lac Kivu. Le bilan provisoire est de 150 disparus. J'exprime ma sincère compassion aux familles éprouvées. Je suis de près la situation afin d'identifier et sanctionner les auteurs", lit-on sur le compte Twitter de la Présidence de la république.

Rude voyage sur le fleuve, lacs et rivières congolais

Avec la déliquescence de la Société congolaise des transports et des ports (ex-ONATRA), la RDC n'a pratiquement plus de bateaux passagers depuis de nombreuses années. Presque tous les voyages fluviaux ou lacustres se font à bord de baleinières, barges ou pirogues motorisées. De véritables villages et cercueils flottantsen train d'assurer le transport des populations. Les passagers de ces embarcations ne savent jamais quand ils vont quitter le port, ni quand ils arriveront à destination.

La sécurité fluviale est inexistante.Celle-ci exige par ailleurs que les bateaux soient munis de phares et de feux de position, de gilets et bouées de sauvetage, d'extincteurs, de motopompes ainsi que d'autres moyens de protection.Mais dans la plupart des cas, aucune de ces précautions n'est observée. Les exploitants, les armateurs et les autorités ne prennent pas leurs responsabilités.

Autre cause des accidents de bateaux à répétition sur le fleuve Congo, lacs et rivières, la formation du personnel navigant. Une formation qui se fait généralement sur le tas et donc pendant les voyages, avec tous les risques et périls que l'on fait courir à des centaines de personnes! A cela s'ajoute la surcharge de ces embarcations.Tel un essaim d'abeilles, ces "navires" emportent parfois jusqu'à trois fois plus de passagers que n'autorisent leurs capacités.

Le drame de Kalehe remet donc en selle la problématique de la viabilité des bateaux, baleinières et autres barques qui sillonnent les cours d'eau congolais. Pour déplorable qu'il soit, cet accident a le triste mérite de rappeler aux autorités congolaises l'impérieuse nécessité de sécuriser les populations qui empruntent le fleuve, lacs et rivières pour se déplacer.

Don de Dieu, ces différents cours d'eau sont plutôt autant de voies de circulation pour ce vaste pays. Il importe aux autorités de les sécuriser. Et le seul moyen d'y arriver consiste à veiller à ce que ces embarcations respectent les normes. Le chef de l'Etat qui se trouve à l'Est du pays au momentdu drame devrait prendre à bras le corps ce problème. Fatshi qui a déjà décliné ses priorités ferait œuvre utile d'intégrer la fiabilité des voies navigables du pays sa priorité. La modernité devrait passer aussi par là. Le pays devrait s'investir dans l'achat des bateaux qui sécurisent l'Etat congolais. La politique doit s'adapter à la géographique du pays.

Ce n'est pas la première fois qu'il y a pareille tragédie. En décembre 2014, un naufrage sur le lac Tanganyika avait fait 129 morts. Les accidents dont on parle sont ceux médiatisés. Mais chaque jour qui passe, il y a des morts anonymes. Des gens qui meurent faute d'embarcations fiables.

Didier Kebongo/Forum des As


(TN/PKF)