La République démocratique du Congo (RDC) fait face à des foyers d'Ebola dans les provinces du Nord-Kivu et d'Itiri à l'est du pays. 1115 cas ont déjà été recensés. Face à ce début d'épidémie, les associations sur place ont bien du mal à lutter.

Pour Michaël Sladecszeck chargé du plaidoyer pour Oxfam, le premier problème est un manque de confiance des populations locales envers les acteurs humanitaires: "Les personnes lorsqu'elles n'ont pas confiance dans la réponse qui est apportée, ils ne vont pas forcément aller dans les centres de traitement Ebola. Ils ne vont pas forcément mettre en place des bonnes pratiques comme le fait de ne pas toucher les corps des gens qui sont malades ou des morts parce que c'est à ce moment-là que c'est le plus infectieux".

A ce facteur, il faut encore ajouter une région déstabilisée politiquement. "C'est une région où il y a beaucoup de mouvement de population", explique Michaël Sladecszeck. "De façon générale, il y a beaucoup d'échanges commerciaux mais il y a aussi des mouvements de population liés aux activités de groupes armés".

Risque d'épidémie à l'étranger

Plusieurs groupes armés sont encore actifs à l'est du pays et des attaques ont été enregistrées contre des centres de traitements. Pour Michaël Sladecszeck, "ça a provoqué des déploiements policiers et militaires autour des centres de traitement. Il y a aussi eu un désengagement de certaines ONG présentes sur place et une plus grande peur des staff de santé de pouvoir travailler en toute sécurité".

Quant au professeur à l'université de Gand en sciences politique et chef du département d'étude des conflits et du développement, Koen Vlassenroot, la présence de groupes armées dans la région déclenche des phénomènes contradictoires.

"D'un côté, leurs présences à un impact sur la mobilité de la population. Les gens ne vont plus voyager à cause des problèmes de sécurité et donc commence conséquence, l'Ebola sera limité", explique le spécialiste. "D'un autre côté, la présence de groupe armé restreint l'accès aux populations et donc l'aide est freinée."

Si l'épidémie a commencé au Nord Kivu près de la ville de Béni, aujourd'hui Ebola pose problème dans deux provinces de l'est de la RDC: le Nord-Kivu et l'Ituri. Aujourd'hui, les foyers principaux de l'épidémie se sont déplacés plus au sud vers les villes de Butembo et Katwa. Et selon Tamba Emmanuel Danmbi-saa, responsable humanitaire pour Oxfam en RDC, l'épidémie pourrait bien s'étendre à d'autres pays. "A la date d'hier, nous avons vu un nouvel endroit avec un nouveau cas confirmé", explique-t-il. Il s'agit ici selon lui "d'un endroit qui est délicat. Nous parlons ici de la région des lacs où il y a beaucoup d'activités de pécheurs qui naviguent entre l'Ouganda et la République Démocratique du Congo. Cela peut nous exposer au risque de transition transfrontalière de l'épidémie".

RTBF/Info-Afrique/Le Potentiel


(Rei/GTM/PKF)