La République démocratique du Congo a déjà totalisé plus de deux mois sans un gouvernement investi de plein pouvoir. Depuis l’investiture du nouveau chef de l’Etat le 24 janvier 2018, la RDC est presqu’au point mort. Le gouvernement Bruno Tshibala est réputé démissionnaire de fait. Non seulement il est amputé d’une bonne partie de ses ministres mais aussi cet exécutif ne jouit plus de toutes ses prérogatives. Tout se décide depuis la présidence de la République pour un tant soit peu continuer d’assurer le fonctionnement des institutions de la République.

Cependant, cette situation ne va plus durer. Plus que quelques jours, toutes les institutions pourront être pilotées par de nouveaux animateurs disposant de pleine légitimité. Autant dire que le mois d’avril est celui de tous les enjeux. La scène politique va bouger dans tous les sens.

En effet, alors que le président de la République, Félix Tshisekedi, achève ce vendredi sa mission de travail de 72 heures aux Etats-Unis d’Amérique, l’opinion devra lui réclamer des comptes dès son retour au pays. Les Congolais devront savoir ce que le chef de l’Etat a engrangé de son déplacement au Pays de l’oncle Sam.

Durant son séjour américain, Félix Tshisekedi a rencontré des hautes personnalités de l’administration Trump. Il a été reçu au Sénat américain par le sénateur, président de la commission des armements. Ce sénateur est une personnalité de premier plan, car celui qui organise chaque premier jeudi de février de l’année les journées de prière où participent la crème d’acteurs politiques américains dont le président de la République des USA et plusieurs chefs d’Etat du monde. Pour autant, les Congolais vont s’exprimer abondamment sur les retombées de la visite du successeur de Joseph Kabila à Washington.

Toutefois, le plus grand enjeu politique reste la désignation du Premier ministre et la formation du premier gouvernement sous l’ère Félix Tshisekedi. Le nouveau chef de l’Etat est investi de la mission d’apporter un véritable changement dans la gouvernance de manière à remettre le pays sur le rail de l’émergence par une politique efficace de lutte contre la corruption. Dès lors, l’opinion nationale attend voir celui qui sera le Premier ministre et ceux qui vont composer son gouvernement pour croire ou non à un succès futur du nouvel exécutif national.

Outre le gouvernement, dès la semaine prochaine, il y aura probablement l’installation du bureau définitif de l’Assemblée nationale. Les acteurs politiques qui vont occuper ces postes feront couler encre et salive dans le microcosme politique et dans l’opinion nationale. Les négociations sont âpres, notamment autour de la présidence du bureau de l’Assemblée nationale, mais aussi pour les deux postes réservées traditionnellement à l’opposition.

De même, le 10 avril il y aura l’élection des gouverneurs dans les 24 provinces de la RDC. L’opinion retient son souffle pour ne pas voir le FCC rafler encore la quasi-totalité de postes en lice, comme cela a été le cas aux législatives nationales et provinciales, aux sénatoriales et même dans la composition des bureaux des assemblées provinciales.

Durant ce mois, non seulement il y aura validation des mandats des sénateurs, dont les élections ont été souillées par des cas de corruption, il y aura aussi installation du bureau définitif du Sénat. On est donc face à un chantier politique qui exige des accords, des concessions voire des compromis entre acteurs politiques en ce début du quinquennat piloté par Félix Tshisekedi.

Les défis sont donc de taille tant sur le plan politique qu’économique. Le président de la République doit s’entourer de bonnes compétences pour espérer réussir la mise en œuvre de son projet de société.

Amédée Mwarabu/Le Potentiel


(TN/Yes)