Une dynamique à encourager, dès lors que les deux personnalités symbolisent la majorité parlementaire et la majorité présidentielle. L'ancien président congolais Joseph Kabila a été reçu hier dimanche 17 février, par son successeur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

La rencontre a eu lieu à l'ex-cité de l'OUA. Les deux hommes en tenue décontractée, se sont parlé pendant près de quatre heures. Mais rien de substantiel n'a fuité de cette visite aux allures très amicales. Et même familiale. Ce qui a donné lieu à plusieurs supputations aussi bien dans les rues de Kinshasa que dans certains salons huppés de la capitale.

D'aucuns ont vite conclu que l'entretien entre Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila ont tourné autour du choix du Premier ministre. Normal, dans la mesure où le contexte politique s'y prête.

Cependant, Jean-Pierre Kambila, directeur de cabinet adjoint du président honoraire, intervenant hier sur la radio privée Top Congo FM, a estimé que la rencontre entre les deux hommes participe à la culture de la paix.

"Les discussions autour de la désignation du Premier ministre se font au niveau des plates-formes CACH et FCC et sont très avancées",renchérit-il. Pour sa part, Jean-Baudoin Mayo, cadre du CACH interrogé par la même consœur, insiste sur le fait que Félix Antoine Tshisekedi et Joseph Kabila étant tous deux, fils du pays, ont la liberté de se rencontrer quand et où ils veulent.

Le secrétaire général du parti Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe, directeur de cabinet de l'actuel Chef de l'Etat, a rappelé la déclaration du Président Félix Tshisekedi qui, dans son discours d'investiture le 24 janvier dernier.

A cette occasion, le Chef de l'Etat avait dit qu'il se référera à l'expertise de son prédécesseur, chaque fois que les besoins l'exigeront.

Une dynamique encourageante

Peu importe ce qu'ils se sont dit, la rencontre entre les deux hommes d'Etat a valeur de symbole. Du point de vue du contexte politique, la visité de Joseph Kabila à la résidence de son successeur a lieu à la veille de deux grands événements. D'abord l'élection des gouverneurs de provinces et des sénateurs, prévue dans la dernière semaine du mois de mars prochain.

Ensuite, la désignation d'un nouveau Premier ministre. En ce qui concerne la formation du nouvel Exécutif, la réalité sur le terrain renseigne qu'on ne peut pas espérer l'avoir avant le 15 mars, date constitutionnelle de l'ouverture de la première session ordinaire du Parlement. Autrement dit, la mise en place du Gouvernement est subséquente à certains préalables. En premier lieu, il faudrait valider les mandats des députés. Ce, après publication par la Cour constitutionnelle, des résultats ou listes définitives des députés élus. A l'issue de cette étape, il va falloir que le Président de la République désigne un informateur devant identifier formellement la majorité au niveau de l'Assemblée nationale.

Car, le Premier ministre sera issu de celle-ci. Bien évidemment, d'aucuns pourraient considérer comme superfétatoire, la procédure de désignation d'un informateur, dans la mesure où le FCC a déjà une majorité confortable à la Chambre des représentants.

Cette thèse est tout de suite battue en brèche par des légalistes qui soutiennent que le FCC, le CACH tout comme LAMUKA, n'ont aucune existence juridique. Par conséquent, on doit à tout prix, se conformer à la Constitution du 18 février 2006, encore en vigueur. Selon l'article 78 de cette même constitution, il appartient au Président de la République de nommer le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire, après consultation de celle-ci (…). Si une telle majorité n'existe pas, le Président de la République confie une mission d'information à une personnalité en vue d'identifier une coalition.

Mais au-delà du juridisme, la visite de Joseph Kabila hier à la résidence de l'actuel Chef de l'Etat à la Cité de l'Union africaine, est une dynamique à encourager, dès lors que les deux symbolisent l'un, la majorité parlementaire incarnée par Joseph Kabila en tant qu'Autorité morale du FCC. Et l'autre, la majorité présidentielle. Ce sont donc ces deux pôles qui déterminent la nouvelle coalition politique.

Pas d'intermédiaires entre FATSHI et JKK

L'opinion se rappelle que dans son ultime discours du 23 janvier, à la veille de la prestation de serment de Félix Tshisekedi le jeudi au Palais de la Nation, Joseph Kabila avait insisté sur la nécessité d'une coalition procédant d'une approche politique, en lieu place de la cohabitation.

Aux yeux de plusieurs analystes, cette option de l'ancien Président augurait l'avènement d'une nouvelle majorité sur fond de coalition dictée par l'approche politique. De tout ce qui se précède, l'histoire retiendra que désormais, il n'y a plus d'intermédiaire entre Fatshi et JKK.

En tout moment, les deux peuvent donc se parler nez à nez autour de toutes les questions de grands enjeux évoqués ci-dessus. Leur rencontre d'hier est une illustration que les deux personnalités balisent la voie de cette coalition.

Comment va-t-elle se traduire au niveau du partage des responsabilités ? Entre autres, en ce qui concerne la gestion des provinces, du Sénat et du Gouvernement. Du moins, au stade actuel, sans trop anticiper le Portefeuille, la diplomatie et les autres services régaliens.

Grevisse Kabrel/Forum des As


(TN/GW/Yes)