Par la voix de son rapporteur, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a brandi son indépendance et les impératifs calendaires pour justifier la fin de non-recevoir réservée à la demande de Flory Kabange Numbi.

Expert les élections internationalement reconnu, Jérôme Bonso dénie même au PG près la Cour de cassation la qualité d'agir dans le contexte électoral. "La Cour de cassation n'est pas listée parmi les trois juridictions compétentes pour connaître du contentieux électoral", fait remarquer le Président de la Ligue nationale pour les élections libres et transparentes (LINELIT). Les élections auront donc lieu conformément au calendrier publié par la Centrale électorale. Mais, au-delà des positions de principe rappelées par la CENI et le patron de la LINELIT, il y a la réalité.

A savoir, cet océan de soupçons de corruption autour des élections des sénateurs et des gouverneurs. Telle une déferlante, les allégations de corruption n'en finissent pas de parcourir le pays. Face à l'ampleur du « phénomène », certains candidats aux sénatoriales se sont même retirer de la course. Fait suffisamment significatif pour être souligné, le « Monsieur » lutte anti- corruption de l'ancien Président et par ailleurs professeur de droit -Luzolo Bambi pour ne pas le citer - a saisi le Procureur général près la Cour de cassation. En cause, encore et toujours les allégations de corruption.

Ce n'est pas tout. La très respectée Eglise du Christ au Congo (ECC) a menacé de saisir la Justice à propos des mêmes soupçons. Question de bon sens : face à cette avalanche de dénonciations, que devait faire le Procureur général près la Cour de cassation ? Faire la politique de l'autruche ? Rester bras ballants ? Bien sûr que non. Ne rien faire aurait sonné comme un manquement grave de l'organe de la loi dans sa mission de rechercher les infractions sur base d'indices à sa disposition.

Ils s'en seraient trouvé beaucoup de compatriotes pour décrier l'inaction de la Justice. En aval, comme le prévient du reste le PG près la Cour de cassation, qui porterait le chapeau en cas des conséquences graves qui découleraient des élections marquées par la corruption à vaste échelle ? On ne peut donc pas faire faire un procès uniquement à charge contre le PG près la cour de cassation.

Au demeurant, Flory Kabange Numbi a sollicité et non exigé le report des élections. Libre à la CENI d'accepter ou de rejeter la demande au nom de sa sacro-sainte indépendance vis-vis de tous les autres pouvoirs. Dont acte. Le mérite du PG près la Cour de cassation aura été d'avoir fait suite à la vague de soupçons de corruption autour des élections sénatoriales et des gouverneurs de provinces. Ce faisant, il a fait son devoir en prenant ses responsabilités.

FDA Jean-Pierre Kalamba : "La CENI se trouve dans l'obligation de maintenir son calendrier" La Commission électorale nationale indépendante a décidé, malgré la demande du report du Procureur général près la Cour de Cassation, de reporter les élections des Sénateurs et gouverneurs à cause des soupçons de corruption, d'organiser ces élections aux dates prévues. Le rapporteur de la CENI, Jean-Pierre Kalamba indique que cette décision vise à respecter les prescrits de la Constitution et de la Loi électorale.

« La CENI, qui apprécie toujours la collaboration avec les cours et tribunaux, se trouve dans l'obligation de maintenir son calendrier qui est une décision d'une institution indépendante. La CENI avait fixé un calendrier qui tient compte de la Loi électorale et de la Constitution qui veut que quatre jours après l'installation des bureaux définitifs des assemblées provinciales, qu'on puisse organiser les élections législatives, tient à ce qu'à partir du 15, qu'il y ait des élections pour des raisons constitutionnelles », a expliqué Jean-Pierre Kalamba.

« Avant toute décision de culpabilité rendue par un juge, tous les députés provinciaux sont présumés innocents. Par conséquent, il n'y a pas lieu de leur priver l'exercice de leurs prérogatives. En outre, la CENI est une institution indépendante qui n'a pas à subir des injonctions d'un procureur général, avant toute décision de justice.

La CENI confirme donc la tenue des élections, conformément à son calendrier électoral, 15 mars pour l'élection des sénateurs et 26 mars pour l'élection des Gouverneurs et vice-gouverneurs », ajoute la Cellule de communication de la CENI.

Des soupçons de corruption 

Dans une correspondance datée du 09 mars, Flory Kabange Numbi, Procureur général près la Cour de Cassation a demandé au président de la Commission Électorale Nationale Indépendante de reporter les élections des sénateurs et gouverneurs à cause des allégations de corruption.

Flory Kabange Numbi affirme, dans cette lettre, que ce report lui permettra de réunir des éléments probants de ces soupçons de corruption. Il a instruit le commissaire général de la police nationale congolaise en charge de la police judiciaire de mener des investigations urgentes à cet effet. Il a aussi instruit le Procureur général près la Cour d'appel de Matadi à la suite des dénonciations d'un candidat à l'élection sénatoriale. Flory Kabange estime qu'organiser les élections dans des telles conditions, ouvrirait grandement la voie à des contestations et violences meurtrières. Les élections des sénateurs sont prévues pour le 15 mars, celles des gouverneurs et vice-gouverneurs le 27 mars pour 24 provinces.

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(TH/GW/Yes)