Compétitions de prestige pour les pays, offrant des tickets pour les compétitions continentales, les coupes nationales font partie des traditions de toutes les nations vibrant au rythme du football. Ce qui est bien le cas pour la RDC. Mais, actuellement, la Coupe du Congo a perdu de son ampleur, et dans une certaine mesure de son importance, depuis plus d’une décennie.

Calendriers et formules instables

Constat a été fait que la Coupe du Congo se déroule ces dernières années dans des conditions plus ou moins précaires. Pour preuve, lors des dernières saisons, le calendrier des différentes étapes de la compétition n’est que rarement — nous ne voudrions pas dire « jamais » — connu au 1er août, date du début de la saison sportive. C’est aussi le cas pour les formules qui n’ont fait que se succéder année après année.

Nous avons vu une équipe détentrice du titre jouer les préliminaires et s’y faire éliminer sur terrain, avant d’être récupérée, comme si les organisateurs ignoraient qu’elle l’avait remporté à l’issue de la précédente saison avant de se raviser. Ces organisateurs, nous les avons aussi vu faire pause à la compétition pour attendre le déroulement des play-offs du championnat national; ceci aurait été dans le but de récupérer un des « grands » clubs, celui qui allait finir à la 4e place — les 3 premières étant qualificatives pour les interclubs de la CAF — pour lui donner la chance de remporter la coupe et ainsi accéder à la C2.

Les palmarès de V.Club et Mazembe, victimes de leurs performances

Il se constate aussi depuis plus d’une décennie que les meilleurs clubs du pays sont écartés de la compétition. En effet, quelle que soit la formule utilisée, les équipes qui réalisent les meilleurs performances au championnat national, souvent toutes celles qui atteignaient les play-offs ou les meilleurs d’entre elles, n’avaient pas de place en Coupe. Serait-ce dans le but de bien partager le « gateau » des interclubs de la CAF ?

Conséquence, l’AS V.Club et le TP Mazembe n’ont plus droit à la compétition depuis plusieurs saisons. Terminant souvent, ou toujours, dans le trio de tête du championnat national, les Dauphins noirs kinois (9 titres) et les Corbeaux lushois (5 titres) ont du coup mis un frein à la progression de leurs palmarès en coupe. Là, par comparaison, c’est comme entrevoir le déroulement de la Coupe du Roi sans Barcelone et Real Madrid en Espagne, ou la Coupe d’Allemagne sans Bayern et Dortmund, ou encore la Coppa Italia sans Juventus, Milan AC, Inter Milan… Devrions-nous donc affirmer que la Coupe du Congo est faite pour les « faibles » ? Et ces « forts », auraient-ils un grand mépris de la Coupe du Congo qu’ils ne pensent plus la remporter une fois de plus ?

Bilan mitigé des vainqueurs de la Coupe du Congo en C2 de la CAF

Autre conséquence, plus visible que celle ressortie ci haut, le résultat des vainqueurs de la Coupe du Congo en Coupe de la Confédération. En effet, le vainqueur de la Coupe du Congo accompagne le 3e classé au championnat national en Coupe de la Confédération, la seconde compétition organisée chaque année par la CAF.

Il s’est constaté que les différents vainqueurs de notre Coupe ne passent que très rarement le 2ème tour. Condamnerions-nous les clubs ? Oui, peut-être. Mais il faudra relever que la plupart de ces vainqueurs ne sortaient pas de l’élite et n’avaient pas l’expérience du haut niveau. Certes, la Coupe du Congo est aussi ouverte aux clubs des division inférieures — provinciales et même urbaines —, mais nous estimons que ces derniers pouvaient être bien plus fiers d’eux en remportant la Coupe du Congo après avoir affronté et vaincu les « grands » du pays, comme l’ont fait Kalamu (1987, 1988 et 1989), Union Bilombe (1992)… ou Sodigraf (1995) qui a même atteint la finale en interclubs de la CAF la saison suivante.

Faisant confiance aux dirigeants de la Fédération congolaise de football (FECOFA), l’organe faîtière du football congolais, les amoureux du sport-roi espèrent voir la compétition être mieux organisée et bien soutenue par le gouvernement congolais car la Coupe du Congo, c’est aussi le prestige de la RD Congo.

Diego Yesaya/MMC


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