Mais une étude récente  montre que la parentalité n’affecte pas seulement la biologie des mères, mais aussi celle des pères. Pendant la première année, les pères vivent une chute de la testostérone d’environ un tiers, et ceux qui participent aux tâches en s’occupant de leur nouveau-né pendant 3 heures ou plus par jour vivent une baisse supplémentaire de 20%.

Les nouveaux papas qui ont participé à cette recherche ont aussi rapporté avoir moins de relations sexuelles. Les chercheurs pensent que cet "effet de sensibilisation" est dirigé par une impulsion psychologique et culturelle dans le but de protéger le nouveau-né, et qu’il aurait le même impact sur les pères adoptifs.

Les hommes qui ont moins de testostérone sont moins agressifs et plus prévenants. Des recherches antérieures ont aussi montré que les hommes avec des niveaux élevés de testostérone ressentaient moins de compassion ou réagissaient moins aux pleurs d’un bébé. Cela signifie que les mamans ne devraient pas s’inquiéter de la dispersion de leur partenaire après une naissance, ni être anxieuses s’ils ne veulent pas faire l’amour. Ils sont biologiquement programmés pour se concentrer sur leur enfant aux dépends de la motivation sexuelle.

Le Dr Lee Gettler de Notre Dame, a réalisé la plus grande étude de son genre pour étudier comment la biologie des nouveaux pères change après la naissance de leur enfant. "Ce n’est pas seulement les mères qui passent par la grossesse et la naissance, et ce n’est pas seulement les mères qui réagissent biologiquement à la parentalité. Les pères peuvent aussi réagir biologiquement aux besoins des enfants" dit-il.

"Nous avons découvert que les hommes qui deviennent de nouveaux pères ont un déclin de la testostérone entre 33-34%. Les hommes qui étaient les plus impliqués dans les soins au jour le jour de leur bébé avaient les niveaux de testostérone les plus bas". "Si vous pensez aux pères chez les autres espèces de mammifères, ils n’aident pas vraiment à prendre soin de leur progéniture".

"Ainsi, ils semble que la sélection naturelle ait intensifié le système hormonal des hommes pour répondre aux besoins de leur progéniture. Notre espèce a évolué avec des instincts paternels qui sont quelque-peu uniques comparés à ceux de nos plus proches cousins". Le Dr Gettler a étudié plus de 400 hommes aux Philippines. Il a testé leurs niveaux de testostérone quand ils étaient célibataires vers 21 ans, et les a de nouveau étudiés à 26 ans quand ils étaient juste devenus pères.
Préalablement, des petites études avaient montré que la testostérone pouvait chuter pendant la paternité, mais c’est la première grande étude qui ait quantifié son impact en enregistrant une baisse du niveau des relations sexuelles. Les chercheurs déclarent qu’ils ne savent pas définitivement pourquoi la paternité serait la cause de la baisse des relations sexuelles, en définissant si c’est le fait que le bébé dort dans la même chambre que les parents, ou si ce sont les parents qui sont plus fatigués ou qui ont moins de temps à cause de l’attention qu’ils portent à leur bébé.

Ils ne croient pas que la chute de la testostérone soit liée à une baisse de la libido, bien qu’il soit possible que les femmes trouvent leur partenaire moins attirant à cause des changements hormonaux. Il se peut que les hommes améliorent la stabilité des relations, car des études précédentes ont montré que des hommes avec plus de testostérone étaient plus susceptibles d’avoir des problèmes de couple et de divorcer.

"Nous avons trouvé que les nouveaux pères fraichement mariés qui vivent les baisses de testostérone les plus importantes rapportent aussi des rapports sexuels moins fréquents avec leur partenaire" dit le Dr Gettler. "Nous ne savons pas quel mécanisme est à l’œuvre, mais nous savons que les nouveaux pères ont moins de relations sexuelles avec leurs partenaires, et qu’il n’y pas de relation solide entre la testostérone et la libido".

Ceux qui rapportaient avoir des rapports sexuels avec leur partenaire moins d’une fois par semaine avaient les niveaux de testostérone les plus bas. Durant la première année, les niveaux de prolactine, une hormone qui aide les mamans à produire du lait, s’élèvent aussi. Les chercheurs ont aussi découvert que les nouveaux pères produisaient beaucoup plus d’anticorps dans leur salive qui protégeaient contre les rhumes et la grippe.

Ceci pourrait être lié à la baisse de testostérone, dont on sait qu’elle affaiblit le système immunitaire. Le Dr Gettler déclare que les hommes ne devraient pas s’inquiéter du fait que devenir père va affecter leur masculinité : "il y a une forte association culturelle entre la testostérone et la masculinité, mais je pense que si vous demandez à la plupart des pères, ils vous diront combien il est merveilleux d’être père. L’évolution a façonné la biologie et la neurobiologie humaine pour les aider dans ce rôle".

Bodyscience.fr 


(CI/Yes)