Se faire tatouer constitue un risque pour la santé de la peau, étant donné que certaines encres utilisées contiennent des pigments industriels dangereux potentiellement toxiques pouvant causer des allergies, a indiqué lundi à Kinshasa, le Dr Jean-Louis Masamba, dermatologue aux Cliniques universitaires de Kinshasa, au cours d'un entretien avec l'ACP. Selon la source, la plupart des pigments industriels utilisés pour réaliser cet art décoratif corporel ont été conçus pour la tenture des tissus et des plastiques, pour les encres des imprimantes, voire des automobiles. Parmi la centaine de colorants répertoriés dans les encres de tatouage, on ne trouve pas moins de 126 structures chimiques différentes qui n'ont jamais été destinées à un usage humain. Le tatouage, a-t-il poursuivre, permet aux fines poudres industrielles colorées à la fois de s'infiltrer dans le sang à travers le derme et de provoquer des réactions chimiques sur toute la surface de l'épiderme. Les pigments de tatouage peuvent migrer sous forme de nanoparticules dans les ganglions lymphatiques.

De même, le «dioxyde de titane», un composant chimique qui sert de base à certaines couleurs, présente le risque d'effets indésirables potentiellement graves. II pourrait même s'avérer cancérigène. Il a cité, à titre d'illustration, une étude américaine révélant qu'outre des allergies, on observe en effet des inflammations chroniques, voire une photosensibilité induite, en particulier avec les encres rouges, bleus, verts et violets, considérés comme étant les plus toxiques du fait de la présence de sulfure de mercure dans leur composition. Ce sont aussi celles qui résistent le plus au laser de tatoueur que la simple encre noire, et même le noir n'est pas facile à effacer quand il est trop profondément incrusté. Comme se faire tatouer devient de plus en plus prisé en RDC, précisément à Kinshasa, le gouvernement doit imposer des normes d'hygiène et de stérilisation afin d'éviter de problème de santé publique. Les clients, quant à eux, doivent prendre conscience des risques éventuels associés à ce type d'art sur le corps et se remettre en question avant de s'engager dans cette aventure, a souligné le Dr Masamba.

ACP 


(GTM/Milor/Yes)