Depuis la publication des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), faisant de Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi 5ème président de la République démocratique du Congo, des commentaires vont dans tous les sens.

Pour les uns, en effet, ce dernier n’a pas gagné les élections. Pour les autres, sa victoire est le fruit d’un accord entre le camp de l'UDPS et celui du pouvoir en place conduit par le président sortant, Joseph Kabila Kabange. De nombreux militants, qui manifestent de la méfiance envers le tombeur de Joseph Kabila, s'interrogent comment est-ce que la majorité au pouvoir a pu, lors des scrutins combinés du 30 décembre 2018, perdre la présidentielle et a raflé le trois quart des sièges à l’Assemblée nationale.

Cette confusion semble être malicieusement entretenue par une certaine opposition en perte de vitesse. En réalité, elle sait parfaitement ce que dit la Constitution de la République sur ces sujets, mais voudrait tout simplement entretenir la confusion dans la population, afin de la manipuler le moment venu. Selon certains analystes, l’opposition s’était beaucoup focalisée sur la présidentielle et a accordé moins de place dans sa propagande aux élections législatives et provinciales.

Devant le ras de marrée de la famille politique de Joseph Kabila qui a raflé près de 350 sièges à la chambre basse du Parlement, le pays va connaître sa première cohabitation de l’histoire entre le FCC et Félix Antoine Tshisekedi, pensent certains analystes politiques, évacuant ainsi toute éventualité d’élargir le FCC à l’UDPS. Cette cohabitation découle des dispositions de l’article 78 de la Constitution, qui stipulent: « Le Président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire après consultation de celle-ci. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. »

Et l’alinéa 2 de continuer : « si une telle majorité n’existe pas, le Président de la République confie une mission d’information à une personnalité en vue d’identifier une coalition. La mission d’information est de trente jours renouvelable une seule fois Alinéa 3). Le Président de la République nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions sur proposition du Premier ministre (alinéa 4) ».

En clair, l’actuelle Majorité présidentielle conserve, mieux renforce, sa prédominance au parlement. Notez qu’au regard des résultats provisoires des législatives, la première force dans la nouvelle chambre basse, qui sera installée le 26 janvier prochain, reste le PPRD, suivi de l’AFDC.

L'UDPS vient en troisième position, et le Regroupement Alliance pour l'Avenir de l’honorable Pius Muabilu Mbayu Mukala termine la marche. Comme n'a cessé de l’indiquer le porte-parole de la Majorité présidentielle, l’Ambassadeur André-Alain Atundu, des discussions sont en cette cohabitation Pour sa part, l’honorable Pius Muabilu, tout en rassurant le président élu de son soutien et de sa disponibilité à travailler avec lui, pronostique une cohabitation non conflictuelle, au profit du peuple congolais qui l'a voulue. Ce qui veut dire que Kabila n’a jamais signé d’accord avec Tshisekedi dans lequel ils se partageraient la présidence de la République et le Parlement. Que cela soit dit pour dissiper toute équivoque susceptible de provoquer des réactions démesurées de la population.

Le sens d’une cohabitation 

Au-delà de tout ce que l’on raconte à la cité, la cohabitation est constitutionnelle et s’impose du fait que le président de la République élu ne dispose d’une majorité parlementaire. En plus, lorsqu’on jette un regard sur l’article 91 de la Constitution, il est écrit noir sur blanc que le «  Gouvernement définit en concertation avec le Président de la République la politique de la nation et en assume la responsabilité ». Dans toute démocratie président de la République est élu, toujours, en fonction d’un projet de société. Une fois au pouvoir, le président a toujours été préoccupé de matérialiser les promesses contenues dans son programme de campagne. Par rapport au cas de la Rd Congo, le président de la République qui n’a pas la majorité parlementaire doit composer avec le FCC pour l’exécution de son programme de campagne.

Une hypothèse dangereuse 

Toujours de la cité, nombreux sont les Congolais qui évoquent déjà cette hypothèse qui consiste, pour le Président de la République, après consultation du Premier ministre et des Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. Et ce, en cas de crise persistante entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale.

Aucune dissolution ne peut intervenir dans l'année qui suit les élections, et la CENI convoque les électeurs en vue de l’élection dans un délai de soixante jours. Cette hypothèse semble être difficile, voire impossible, dans la mesure où Premier ministre est l’émanation du Parlement. En tant que tel, on voit mal un Parlement entrer en conflit avec son propre Gouvernement. Pour quelle raison le Parlement offrirait-il cette opportunité sur un plateau d’or au Président de la République? En plus, dans l’histoire du pays, cette hypothèse ne s'est jamais réalisée. Voilà qui milite pour son rejet.

Mais si ce débat persiste dans beaucoup de salons huppés, cela ne peut pas être considéré comme étant un fait de hasard. C'est la preuve qu’une certaine opinion voit mal ou ne digère pas le fait que le Président de la République ne va pas disposer de la majorité parlementaire pour diriger le pays. Mais cette difficulté peut trouver son dénouement à travers une cohabitation pacifique, dictée par l’amélioration des conditions de vie des Congolais. Il, il n’y a pas de raison de s'en faire, parce que la Majorité présidentielle rassure qu’il s’agira d’une cohabitation non conflictuelle.

JMNK/L’Avenir 


(ROL/Milor/GW/Yes)