Le Dr. Matilde Mambo, gynécologue au centre de santé « Bon Accueil », dans la commune de Kisenso, a reconnu, lors d'un point de presse tenu lundi dans cet hôpital, que l'avortement clandestin courant en RDC et particulièrement à Kinshasa, constitue un facteur qui contribue à l'accroissement de nombreux décès des femmes congolaises. Se référant aux dernières données statistiques en sa possession, le médecin a estimé autour de 146.700, le nombre d'avortements pratiqués en 2016 à Kinshasa.

Par contre, les résultats d'une étude menée par des chercheurs de l'Université de Kinshasa, relèvent un taux d'avortement représentatif de 56 cas pour 1000 femmes en âge de procréer. Cette étude fournit les premières estimations de l'incidence de l'avortement à Kinshasa, où la procédure est strictement interdite par la loi, sans exception. Les chercheurs ont également calculé l'incidence de la grossesse non désirée dans cette ville en 2016, indiquant que plus de six grossesses sur 10 tombaient dans la catégorie d'avortement.

Ce taux relativement élevé de grossesses non désirées est directement lié à de très faibles niveaux de pratique contraceptive moderne. L'étude a aussi noté que parmi les femmes kinoises mariées, 23% seulement recourent à cette pratique alors que 73% déclarent ne pas désirer d'enfants à court terme ou pas du tout. « La grossesse non planifiée est la cause profonde de la plupart des avortements et nous avons constaté à Kinshasa que, sur l'ensemble de ces cas, près de la moitié de celles-ci sont interrompues volontairement », a déclaré la gynécologue.

L'avortement sécurisé pour sauver la vie 

Pour Dr Matilde Mambo, bien que le code pénal de la RDC interdise strictement l'avortement, il est acceptable que la procédure soit pratiquée pour sauver la vie d'une femme et, dans de rares cas, les femmes peuvent obtenir à ce titre des soins d'avortement médicalisé.

En dehors de ces circonstances exceptionnelles, les procédures d'avortement recherchées par les femmes sont clandestines et souvent pratiquées dans des conditions dangereuses.

D'après les résultats de l'étude, nombreux avortements ont toujours donné lieu à des complications traitées dans un établissement de santé. En guise de solutions, la gynécologue a recommandé le renforcement des initiatives d'offre des services de contraception de haute qualité aux femmes et aux couples kinois. A l'échelle mondiale, on a estimé à 25 millions le nombre d'avortements non sécurisés entre 2010-2014, selon une étude de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

La majorité de ce type d'avortements, soit 97%, ont été pratiqués dans les pays en développement en Afrique, en Asie et en Amérique latine où des efforts accrus s'imposent, afin de garantir l'accès à la contraception et à l'avortement sécurisé.

ACP 


(GTM/TH/Yes)