En attendant la publication des résultats provisoires des élections du 30 décembre 2018 par la CENI, seul organe habilité à le faire, les Congolais des villes, comme ceux des campagnes, sont occupés à débattre sur le sens de ces élections. Chacun y va de son pronostic et imagine ce que seront les lendemains si la victoire revenait à tel ou tel camp politique en compétition.

Les élections dont il s’agit ici ne sont pas anodines. Elles détermineront pour beaucoup l’avenir de la génération actuelle, mais surtout de celles à venir.

En bonne logique démocratique, les résultats des élections en République Démocratique du Congo devraient concerner principalement les Congolais. Ne s’agissait-il pas de désigner celui qui devrait présider à nos destinées ? Or : si les Congolais s’y intéressent, force est de constater que certains étrangers considèrent l’exercice électoral qui vient de se dérouler comme une question qui les concerne en premier lieu. A suivre les chaînes de télévision de ces étrangers, à écouter leurs stations de radios, à lire leurs articles de presse, on en sort avec l’impression qu’il s’agit, pour eux, d’une profonde remise en cause de la puissance de leurs pays, donc d’une problématique de vie ou de mort.

L’activisme que montrent certains diplomates, notamment européens accrédités à Kinshasa, dans cette affaire relevant pourtant de la sphère intérieure de notre politique, apparaît non seulement suspect, mais véritablement inquiétant.

Pourtant, rien ne devrait nous étonner. Les Européens se battent pour nous maintenir dans la faiblesse et la pauvreté qui ont fait leur puissance et leur richesse. Il ne s’agit pas de tomber dans la naïveté consistant à croire que toute la prospérité européenne viendrait de l’Afrique noire, mais plutôt de souligner la relation incontestable entre notre sous-développement actuel et les attitudes de domination, voire d’exploitation de l’homme par l’homme que manifeste le pouvoir européen à notre égard.

Cette configuration remonte à plusieurs siècles, plus précisément dès les grandes découvertes en matière de navigation au XIVème siècle et les améliorations de la technologie des armes qui avaient permis aux Européens de parcourir l’ensemble de l’humanité et d’y soumettre le genie humain à leurs propres progrès.

L’arrimage de notre pays au continent européen, réalisé au XVème siècle par les Portugais qui avaient envahi le Royaume Kongo, répondait à une logique d’exploitation. Il s’agissait, à l’époque, d’échanger quelques pacotilles venant d’Europe contre de l’or, des diamants et autres objets de valeur de nos contrées.

L’esclavage qui fit suite à ce premier épisode ne répondait pas à une autre logique que celle du profit brutalement acquis. Notre pays, comme la plupart des pays d’Afrique noire, souffre aujourd’hui encore des séquelles de cette agression pour laquelle les peuples noirs du monde entier attendent toujours une véritable reconnaissance et une condamnation accompagnée des compensations y relatives.

La colonisation qui n’est, en fait, que la généralisation et la mise en œuvre sur place de l’esclavage, donc sa rationalisation, constituera le stade le plus abject et le plus avancé du projet européen d’assujettir l’ensemble du globe terrestre.

Malgré les grands mérites de nos parents, d’avoir mis fin à ce système éhonté, les indépendances des années 1960 ne pouvaient pas objectivement remettre fondamentalement en cause les structures déséquilibrées du système économique international.

Le combat actuel du régime inauguré en 1997 par M’Zee Laurent Désiré KABILA n’a d’autre but que de poursuivre la lutte des Pères de l’Indépendance afin de réellement concrétiser le sens de la liberté que prônaient Patrice LUMUMBA, Joseph KASA-VUBU et tous ceux qui, dès la seconde partie des années 1950, avaient défié le colonisateur.

Le sens de l’indépendance ne se limite pas à se doter d’une nationalité, d’un hymne national, d’un drapeau et 
d’autres attributs de façade. Etre indépendant c’est véritablement prendre en mains son destin, s’organiser selon son propre vouloir, ses besoins et surtout tirer profit des atouts que Dieu le Tout-Puissant a placés dans notre environnement.

Tout ceci ne veut rien dire d’autre que vivre mieux quotidiennement, participer aux progrès de l’humanité et en tirer les partis que nous méritons. C’est dans ceci que réside le cœur du combat qui nous oppose aujourd’hui aux Occidentaux.

Comme nos esclavagistes d’avant-hier, puis nos colonisateurs d’hier, les dominateurs d’aujourd’hui n’acceptent pas notre volonté de véritable émancipation à l’égard du système économique déséquilibré qu’ils ont mis en place avec ruse et patience depuis le XIVème siècle.

Le péché de Joseph KABILA dans cette affaire est d’avoir accepté d’assumer avec détermination et de continuer la résistance qui était celle de KIMPA VITA, de Simon KIMBANGU, de Patrice LUMUMBA et Cie, puis de M’Zee Laurent-Désiré KABILA.

À y regarder de plus près, l’Occident ne pardonne pas à Joseph KABILA de s’être battu pour l’élaboration d’un nouveau code minier. Là, réside la clé de la haine viscérale que nous subissons actuellement. Ce qu’il faut comprendre est que le code récemment remplacé avait été le fruit, non pas d’une volonté éclairée de nos élites, mais la mise en œuvre des conseils savamment orientés des spécialistes européens au profit de leurs multinationales. Il s’agissait donc d’une tromperie de laquelle il fallait absolument se dégager.

Ce code a permis, pendant de nombreuses années, à des entreprises européennes d’engranger d’énormes 
bénéfices sans que ni l’État congolais, ni la population congolaise ne tirent profit des ressources que Dieu a placées sous leurs pieds.

Nos compatriotes, qui reprennent à leur compte l’animosité qu’affichent à notre endroit les puissances européennes, agissent en véritables traîtres à l’instar de ceux qui, en 1959/1960, s’opposaient aux libérateurs qu’étaient Patrice LUMUMBA, Joseph KASA-VUBU et les autres combattants de la dignité.

En conclusion, jouer le jeu de la coalition « Lamuka », véritable représentant de ceux qui nous exploitent, c’est combattre la mise en œuvre du nouveau code minier et, par cette voie, torpiller les avancées de la République Démocratique du Congo vers le progrès.

L’enjeu du combat actuel, c’est le développement de la RDC et l’amélioration des conditions de vie des Congolais.

Jean-Pierre KAMBILA KANKWENDE (Analyste) / Forum des As 


(TN/Yes)